Que gagne-t-on, que perd-on en photographiant des statues ? Quels chemins emprunte-t-on pour passer du volume à la surface, du 3D de la sculpture au 2D de l’image ? Voilà de jolis sujets de réflexion pour les visiteurs du musée Rodin, qui expose 200 images des œuvres du sculpteur (choisies parmi quelque 7 000 tirages rassemblés entre 1870 et 1917). Réalisés par différents photographes, à des fins documentaires ou artistiques, ces clichés ont des ambitions évidemment très différentes (photo : George Bernard Shaw posant nu pour le Penseur). Mais dans tous les cas, la sculpture propose et la photographie dispose, en faisant des choix (d’angle, de lumière, de netteté). Les options les plus radicales sont ici celles de Jean Limet et d’Edward Steichen. Avec un procédé singulier (tirage à la gomme bichromatée), Limet, ancien patineur de bronze, emmène les statues vers l’abstrait, avec des images telles des lithographies aux contours flous, aux lumières tranchées. L’Américain Steichen, en particulier avec sa série sur le buste de Balzac, fait surgir un monde étrange et inquiétant, proche des lavis d’encre de Victor Hugo.
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