Rappel : Souvent, à cette heure-ci, nous vivons des choses bien particulières : on partage un verre avec des amis, on lit un bon bouquin avant d’aller dormir, on file faire la fête jusqu’au jour, on est avec celui ou celle que l’on aime, parfois même on travaille. Cette rubrique s’intéresse à ce que vous faites à minuit, chez vous, dehors, dans votre vie. Qu’écoutez-vous quand vient minuit, pourquoi, comment ?
Eels – Cancer for the Cure (écoutez ici)
« Quand je rentre, je n’ai pas envie de choisir la musique, de peur d’être déçue par mon propre choix pour le point final de la journée. Et puis après avoir passé la journée à expliquer mes choix musicaux, le soir : fini les décisions !
La nuit sur FIP, personne ne parle, les musiques s’enchaînent mais les styles ne se ressemblent pas. On se laisse surprendre par un air d’opéra qui rappelle l’enfance, un morceau de jazz sur lequel un ami se faisait les doigts, un vieux hit de Michael Jackson ou un Manu Djibango pour l’exotisme… On redécouvre un classique au détour d’une reprise qu’on ne soupçonnait pas et parfois on croise un copain, comme Bertrand Belin ou General Elektriks, et on se sent en lieu sûr.
Quelquefois, impossible de savoir quel est ce morceau qui nous saisit, et tous les Shazam n’y feront rien. A certains moments même, la programmation s’éloigne trop des sentiers battus, au point qu’on arrête ce qu’on est en train de faire pour se tourner vers les enceintes en se demandant ce qui leur passe par la tête. Heureusement, un petit Etta James remet les idées en place.
Et enfin, il y a ce morceau qu’on a toujours plaisir à écouter. Certes, on pourrait chercher l’album ou farfouiller son lecteur mp3 pour le mettre, mais la plus grande joie c’est quand on s’y attend pas. On peut tricher en foutant l’intégrale de l’artiste, se disant qu’entre la fonction shuffle et les lois de probabilité qu’on a oubliées depuis longtemps déjà, il ne nous reste qu’à croiser les doigts pour tomber dessus. Mais en fait, c’est comme les fleurs, c’est tellement meilleur quand on a rien demandé.
Cette pause FIP, c’est un peu le passage à une nouvelle journée. On sait pas vraiment ce qu’elle nous réserve… On a beau la planifier jusque dans les moindres détails, elle nous échappera toujours – agréablement ou non. La programmation de nuit est laissée à l’appréciation d’un connaisseur, il ne répond à aucun code, ni marketing ni droit de regard : il se fait tout bonnement plaisir en laissant la place à la diversité et l’éclectisme. Il me fait découvrir en douceur des morceaux alors même que j’ai la tête pleine d’un concert, et il me repose dans une légère nostalgie… Et puis surtout, les soirs de délice, il me passe du Eels ! »
Agnès tient avec Benjamin Lemaire un très chouette site dédié à la musique : le Transistor. Vous y retrouverez des comptes-rendus de concerts, des interviews, des critiques de disques et des lives exclusifs. Agnès est une fan inconditionnelle de Eels qui reste un mystère pour moi (c’est pas que j’aime pas, c’est que je connais pas, je dirais.) Agnès est brune, blonde, elle n’a pas peur des araignées et elle dit ce qu’elle pense. Je l’aime bien parce qu’elle est cash, généreuse, hyper-drôle et qu’elle me fait découvrir chaque jour des choses qui ne seraient jamais venues jusqu’à mes oreilles en temps normal. Je suis très heureux de la publier ici. Merci Agnès.