J'ai terminé le Goncourt 2004 avec l'impression d'avoir lu un petit bijou et j'ai terminé le Goncourt 2007 en me disant que je pouvais le revendre sans regret...
Mais la faute nous en est imputable à tous les deux !
Je n'aime pas ce genre d'histoires. Je n'aime pas ces ambiances. Je devrais le savoir et m'y tenir... Donc, Gilles Leroy aurait sans doute pu écrire comme il voulait, le handicap était déjà énorme qu'il en était presque infranchissable d'entrée de jeu.
Pourtant, ce que Flou en avait dit m'avait vraiment donné envie et je l'ai commencé sans l'ombre d'un a priori...
C'est ma faute...
Il s'agit donc l'histoire de la femme de Francis Scott Fitzgerald. Pas vraiment une biographie (l'auteur le précise d'emblée) mais un roman basé sur une existence réelle dont le fil rouge (c'est pas le mot de la semaine, ça ?) en est la colonne vertébrale...
Une personnalité perturbée, une vie d'alcool et d'excès avec son mari, un harcèlement moral et une certaine vampirisation de la part de l'écrivain américain.
Mais c'est sans doute ce qui fait aussi que, par exemple, je n'aimerai jamais "The Misfits" (malgré les trois acteurs merveilleux qui y sont regroupés).
Je n'aime pas cette façon de se foutre de tout et la provoc pour la provoc jusqu'à la destruction complète et mutuelle qui, finalement, est tellement prévisible, tellement évidente que, dès le premier chapitre, on sait parfaitement (et sans même connaître la véritable histoire de ce couple) comment ça se terminera...
Gilles Leroy à plusieurs reprises dans le livre fait dire à Zelda qu'elle et Scott sont des enfants de vieux, pour moi ce sont surtout deux sales petits gosses de riches qui mériteraient une bonne paire de claques et qui ne méritent surtout pas mon intérêt.
Oui, je sais, le malaise est voulu mais autant, parfois, il peut me fasciner, autant là, il m'a ulcérée...
Pour ce qui est du mode narratif, je n'ai pas aimé non plus mais, là, je m'exonère de toute responsabilité.
Je n'ai pas aimé le parti-pris de Gilles Leroy de faire des allers-retours incessants entre passé et présent. De plus, il les rend encore plus pénibles en les mélangeant dans un même chapitre. Alors, oui, il faut lire en marge la date mais, personnellement, quand je lis, je suis le texte du chapitre en cours. Je n'ai pas forcément le réflexe de vérifier...
Sauf qu'à mi parcours, quand on commence à ne plus comprendre, on revient au début du paragraphe et on s'aperçoit qu'on a fait un bon de 15 ans en avant ou en arrière.
De la même façon, quand Zelda s'adresse à son médecin ou quand elle raconte un épisode de sa vie d'un paragraphe à l'autre, on perd le fil, on revient, on reprend et, crac, re-belotte, au paragraphe suivant.
Mais, peut-être, suis-je trop psycho-rigide pour apprécier... Bref, ça m'a sortie à chaque fois du récit sur lequel j'avais déjà du mal donc ça m'a vraiment agacée !
De plus, s'il est bien précisé qu'il ne s'agit pas d'une biographie, le fait de lire tant d'éléments réels de la vie de ce couple et de cette femme fait qu'il est, en plus, assez désagréable de jongler en permanence entre fiction et biographie.
D'accord, on ne connaît pas les conversations intimes entre Zelda et Scott, donc on peut imaginer qu'il s'agit de pure invention et Gilles Leroy a modifié le nom d'Ernest Hemingway... Wouah, ça, c'est du roman !
De toutes façons, ils étaient suffisamment branques tous les deux pour qu'on en arrive à espérer que la réalité ne soit que la fiction sortie de l'imagination fertile d'un auteur en mal de sensation... Même pas...
Quant au style de Gilles Leroy, il n'y a pas grand chose à en dire, ni dans un sens ni dans l'autre, si ce n'est qu'on sent le plaisir qu'il prend à parsemer son récit de mots plus qu'inusités, un peu comme quand, avec les Pintades, on s'amusait à se lancer le défi du "mot du jour" (la première qui place à bon escient tel ou tel terme)...
Pour moi, ça n'apporte pas grand chose à la qualité et à l'intérêt du livre... Le seul que j'y ai vu : je l'ai lu en trois jours ! Ouf, ça, c'est fait !
A bientôt !
La Papote