Surface de réparation (6ème épisode de Brise-coeur)

Une fille qui a les nerfs sur un ring de boxe. On la connaît, c’est Ophélie. Elle martèle le punching-ball de poings rageurs tout en lui parlant :

- Attends-toi à ce que je t’oublie. A tout jamais. Tu vas regretter le jour où tu as quitté le monde. Tiens, prends ça et ça ! Je te jette aux orties. Tu vas en bouffer de la hyacinthe et du géranium, du basilic et du chrysanthème. De quoi te faire remuer dans ta tombe et y rester. C’est fini l’époque de la violette et du romarin ! Tu peux dire good bye au ghost sitting. La tyrannie des fantômes vengeurs et des petits frères jaloux, c’est fini. Ok ? Ah, ah, bien sûr, quand on t’appelle, il n’y a plus personne pour répondre. (Elle frappe le punching ball si fort qu’il manque de la faire tomber à son retour) Ah, tu le prends comme ça ? Dommage pour toi, c’était ta dernière ! Mauvais joueur ! Aujourd’hui, je suis une femme libre et heureuse. Je vais boire de l’absinthe et je ne te verrais plus. Plus jamais, tu comprends ça ? Tout rentre dans l’ordre. On ne mélange plus les torchons et les serviettes, la chair ardente et les feux follets. Retourne d’où tu viens et laisse-moi aimer à mon tour…Trahir, désespérer, combler, attendre, jalouser. Je rentre dans la danse et toi, tu sors du manège. Exit le pompon doré, dehors le clown !

A part, autour du ring, deux filles qui l’observent :

- Oh, la, la, elle est toujours aussi « véner » Ophélie ! Elle s’est pris un vent hier ? Elle a perdu tout son flouze aux courses ?

- Un peu de tout ça, j’ai bien peur…

- La pauvre, si elle croit que frapper un pauvre boudin lui rendra quoi que ce soit…

- Non, je crois surtout qu’elle règle ses comptes. Elle élimine, elle tue son mort si tu veux…

- Pardon ?

- Rien, laisse tomber. C’est une expression de boxe pour dire qu’on passe l’éponge…