La voix juste ou la rive des mystères

Publié le 21 avril 2011 par Adamante

Un an déjà avec notre capitaine Tricôtine, une année de joie.

Merci Capitaine !


Jeudi chez les Croqueurs de mots

M'Annette

Vaste programme que celui du Mystère, avec ou sans majuscule.

Je vous livre pour la seconde fois ici, un extrait de mon manuscrit  « le Geste de la Voix » destiné à ceux qui souhaitent découvrir  et placer leur voix dans le corps.

On y trouve bien sûr des exercices, mais aussi des explications qui permettent de mieux comprendre cette méthode holistique qui fait appel à des techniques de formation de l’acteur et aussi de qi gong.

Mais comme toute technique bien comprise, elle se nourrit de la couleur de celui qui la maîtrise et l’enseigne.

LE MYSTÈRE DE LA VOIX

Hommage à Jean-Charles MARDRUS.

«Et voici que le postulant, encadré par les Deux Soeurs Divines, dans le rôle qui leur est dévolu, et fortifié par le fluide que lui infusent leurs mains qui le soutiennent, parle. Or, dès les premières paroles, émises avec l’assurance consciente, un peu hautaine, du juste décidé à impressionner ses juges, fût ce même au prix des plus magnifiques effets de grandiloquence et de savoir magique, on sent bien, en ce court instant où il tient, sous la puissance du verbe humain bien conduit, la décision du Destin, qu’il sortira hautement justifié de ce Tribunal du Véridique. Et en effet, il a su influencer et même envoûter les Dieux, ces formes d’Eternité, qui le saluent et le congratulent, avec quels termes dithyrambiques, en lui accordant le viatique et lui ouvrant le passage qui le conduira sans encombre à la Deuxième Porte. »

J. Ch. Mardrus. « Toute puissance de l’adepte ». Exégèse de la première porte.

La Voix Juste.

Abordons maintenant la rive des Mystères !

Dans la tradition de l'Égypte ancienne, qui est révélée par la lecture de son grand livre de pierres au travers de ses hiéroglyphes, grands hiéroglyphes, (statues, monuments) et petits hiéroglyphes (papyrus et écrits), la voix, porteuse du Verbe, du Souffle, apparaît comme  un symbole de perfection : La voix Juste.

La voix est dite Juste lorsque, porteuse du Verbe, elle est susceptible de transmettre la vibration Divine. Sans elle il n’est pas de résurrection, le postulant étant alors dans l’incapacité de prouver son innocence, sa pureté.  Sans doute, la voix est-elle porteuse du Grand Mystère dans beaucoup d'autres traditions, mais il me paraît intéressant de vous faire partager un peu du voyage de l'âme Égyptienne, dans l'Amentit, la région cachée de l'après-vie, tel que nous le propose Jean Charles Mardrus au travers de son ouvrage «Toute Puissance de l'Adepte» ou «Le Livre de la Vérité de Parole» qu'il a dédié tout particulièrement «aux lettrés et aux artistes». Cette oeuvre, qui est une synthèse des écrits du Grand Livre de l'Égypte, est à mes yeux essentielle.

«Elle est la source des sources à laquelle nous pouvons inlassablement puiser pour étancher notre soif de savoir.

Les textes enfermés dans ces pages sont à la base de notre culture, à la base de toutes civilisations. Rien ne leur est antérieur. Ils sont les sources... Ils sont la Genèse, la première Genèse, celle dont les racines plongent et se nourrissent dans le Grand Mystère...» J.C. Mardrus

Pour la Momie, tout commence à partir du moment ou l'Officiant Juste de voix, accomplit la cérémonie de l'Ouverture de la bouche, lui insufflant ainsi une nouvelle vie, plus souhaitable et plus durable. On comprend que les familles devaient être particulièrement  vigilantes sur le choix de l'Officiant, car de lui, de la justesse de sa voix, dépendait la survie du disparu dans l'autre monde.  Dès la cérémonie d'ouverture de la bouche terminée, la Momie s'engage alors sur les pas du divin Osiris, premier des Ressuscités.

Elle devra dès lors entamer un parcours de douze portes pour  défendre son âme devant le Tribunal du Véridique et affirmer sa pureté aux Formes d'Éternité réunies pour l'écouter. Il est à noter que jamais la momie n'utilise de forme négative pour défendre sa place auprès du Dieu Grand.

Elle va, tout au long de son parcours, affirmer ses qualités, ses  connaissances et sa vigilance à rester pure, sa capacité à vaincre. Cette attitude est une véritable leçon de vie, un enseignement niant toute forme de culpabilité.

Loin d'être un livre des Morts, Mardrus refusait d'ailleurs de l'appeler ainsi, c'est bien un livre à l'intention des vivants. Dès la première porte, lorsqu'elle se présente devant le Tribunal du Véridique, la Momie affirme :

«...Je suis l'un de ces divins chefs, porteurs de vérité, justes de voix par la vertu du Seigneur de la Voix, qui font être Réalité par la voix juste et l'intonation juste, la puissance de la Vérité de Parole

Lorsqu'elle arrive à la Sixième Porte, la Momie se présente par ces mots :

«Ô Formes d'éternité, me voici...» puis, parlant d'elle, elle poursuit : ...«Donc à vous tous hommage de la part de la Momie vivante... Elle fait, par la voix juste, être réalité la puissance du verbe de celui qui est le Seigneur du Verbe. «Juste de voix, j'arrive en interprète en mon heure pour défendre mon coeur de ma mère auprès du Dieu Souriant. Juste de voix, je fais sortir le Bennou, phénix de mon esprit. Je découvre le passage...»

La vertu de la voix va donc permettre à la Momie de passer plusieurs étapes.

Si la toute première étape était liée à la justesse de la voix de l'officiant procédant à l'ouverture de la bouche, la seconde, (passage de la première porte) l'est à la justesse de sa propre voix devant le Grand Tribunal. 

La vertu de la voix est donc un élément essentiel que doit posséder la Momie pour obtenir sa Résurrection et parcourir le chemin qui le conduira à se fondre dans les Formes Divines.

Lors du passage de la douzième Porte, la Momie se reconnaît être une parcelle de la «Grande Ame Incandescente», une parcelle des parcelles de la Divinité.  Elle se dit : «l'éternel amant de la Divine Amie» qui existait avant toute création, qui a « toujours été», «qui est», qu'on la voit ou non, « qui est tout», la Momie elle-même.

Il est dit d'Elle :

« Elle n'est pas à droite, Elle n'est pas à gauche, Elle n'est pas dessus, Elle n'est pas dessous. Elle est dedans…»

La voix prend sa source au-dedans. Elle apparaît donc plus encore à cette lecture comme un attribut Divin, l'expression de la voix même de la Divine Amie lorsqu'elle est juste, c’est-à-dire porteuse du verbe.

Elle témoigne des forces de la création. Juste, elle est porteuse de vérité, susceptible d'être entendue par les Formes d'Éternité résidant dans la Divine Région Inférieure aussi nommée : le Territoire de la Vérité de Parole.

Extrait du "Geste de la Voix" Adamante - SACD