On ne peut pas dire que la présidence du nouveau chef de l’État ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, commence sous de bons auspices. Il est vrai qu’on ne peut demander à un homme de solutionner et de régler tous les problèmes de la Côte d’Ivoire en 10 jours. Néanmoins, le temps risque d’être long, pour enfin voir une paix durable s’installer. Entre bellicisme et couardise des uns et des autres, volonté de vengeance, vieux contentieux immatériels et nostalgiques de l’ancien régime, entre autres, le pouvoir ivoirien doit faire preuve de tact, pour réconcilier tous ses fils.
Sur le plan militaire
L’État ivoirien est donc dans une impasse. La tambouille mortelle que les toujours ennemis de la Côte d’Ivoire, plus enclin à leur petite personne au lieu de leur pays, est entrain de mettre en place un système qui risque d’être sans foi ni loi. Hier, tôt dans la matinée, on apprenait que les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) étaient allés à l’assaut des miliciens gbagbistes dans leur antre de Yopougon (ouest abidjanais). Ces derniers n’ont visiblement pas écouté leur chef, puisque lors de son arrestation, ce dernier avait demandé de « déposer les armes ».
Puis, hier encore, tard dans la soirée, on apprenait que les mêmes FRCI, mettaient cette fois-ci le cap au Nord de la ville, à Abobo, s’en prendre à leur propre camp, celui de « IB » aka Ibrahim Coulibaly, l’ancien putschiste et son « commando invisible ». De violents combats ont eu lieu à la place dite PK 18, en plein cœur de cette quartier dortoir. Il s’agissait ici, déclare l’état major des FRCI, de faire respecter un délais à eux accorder, de rejoindre les FRCI. Or, Ibrahim Coulibaly réclame une part du gâteau, après que ses forces composées de 5000 hommes selon ses dires, avaient mis en déroute, la défunte Force de défense et de sécurité (FDS). Les combats à Abobo, semblent opposer, les forces fidèles au commandant Morou Ouattara des Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN), à celles de « IB ». Mais au-delà du ralliement des autorités militaires, l’aspect politique se pose avec acuité.
Sur le plan politique
Alassane Ouattara est entrain de marquer des points. Tous les caciques de l’ancien régime sont entrain de se rallier à son nouveau pouvoir. Des allégeances qui vont dans le sens d’une reconstruction du pays. C’est ainsi qu’on a appris qu’il va prêter serment devant Paul Yao N’dré, président du conseil constitutionnel, dans les jours à venir. Ce dernier, un temps exilé à Accra, au Ghana, sera de retour aujourd’hui à Abidjan. C’est Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée nationale, qui a donné l’information, au sortir d’une audience avec le président de la République, hier 20 avril 2011, à l’hôtel du Golf, à Cocody. Ce qui met fait définitivement aux supputations selon lesquelles il y a vacance de pouvoir.
Selon certaines informations, le président Ouattara multiplie les consultations en vue de former un gouvernement d’union nationale. On parle de 32 membres dans ce cabinet que conduira l’inévitable Guillaume Soro, la force militaire indéniable d’Alassane Dramane Ouattara, qui s’est imposé puisque ce sont des militaires qui lui sont fidèles qui ont conquis le pays de façon spectaculaire. Or, ce n’était pas en balance dans la coalition RDA-PDCI. Pour le président Henri Konan Bédié, la primature devait faire partir d’un préalable dans le regroupement des houphouétistes sous l’égide du RHDP.
Sur le plan sociétal
La Côte d’Ivoire semble, aujourd’hui, après l’arrestation de Laurent Gbagbo, se pacifier. Pacification en en trompe l’oeil ? Le pouvoir Ouattara a pris des mesures allant des exonérations d’impôts pour les opérateurs économiques, entre autres, en passant par la facilitation des acheminements des produits de première nécessité, sur route comme sur mer c’est à dire jusqu’aux ports du pays: San Pedro et Abidjan. L’économie semble redémarrer, avec sur les marchés, les principaux produits vivriers ainsi que l’eau et l’électricité qui sont peu à peu rétablis ici ou là.
Le carburant ou le gaz sont aussi de retour dans les stations services ou chez les petits commerçants de quartier. Les livraisons par des camions citernes se font désormais sans grand risque. les produits vivriers (manioc, tomate, piment, oignon, gombo, aubergine, courge etc…) sont de retour dans les marchés, la viande ou encore le pain, pour le bonheur des Ivoiriens. Il ne reste plus que maintenant, le dédommagement et la remise sur pied des sites saccagés ou vandalisés par des nervis et/ou miliciens des deux camps qui tenaient ainsi, leur trophées de guerre voir des habitants pauvres qui ont profité du chaos pour pouvoir se servir à moindre frais, que dis-je, gratuitement.
En conclusion, un fait indéniable: » le pays est gouverné », comme l’a déclaré le premier ministre Guillaume Soro. C’est bien la première fois, depuis 8 ans, que les rênes du pouvoir, après Laurent Gbagbo, sont aux mains de personnes qui contrôlent, en réalité, tout le pays, contrairement aux années de plomb et la partition du pays avec un nord aux mains de miliciens…Les Ivoiriens semblent donc se réhabiliter, en prenant conscience de leur capacité et de leur valeur morale. C’est tant mieux et c’est l’essentiel pour une paix durable…