Redneck

J'aimerais être redneck ne serais-ce que 24 heures.
J'arriverais peut-être à comprendre tout ceux qui disent :"Yeah! that's part of hockey" quand un géant de 6 pieds 9 enligne un gars à qui il veut arracher la tête depuis trois matchs, illégalement sur un début de bande.
Dimanche dernier, mon fils avait une pratique dans une école de hockey en soirée. Une école où sévit un ancien joueur de la ligue nationale. Pour faire son show, aux parents qui se rapellent son puissant lancer frappé des années 80, il fait le clown sur la glace et il lance à l'occasion un plomb en direction du filet en voulant démontrer un exercice. Un lancer frappé d'adulte sur un filet où se trouve un petit gardien de 11 ans ou un autre de 10. Presque chaque fois, il marque un but.
Heureusement.
Car si le pauvre gardien avait le malheur de toucher la rondelle, à la vitesse où elle arrive, même protégé par un équipement, il serait à coup sûr, bléssé.
La plupart des parents partent d'un grand rire (nerveux?) et semblent amusés. Ça semble arriver de partout ce type de rires de gars de 11 ans mais dans le corps d'adultes de mon quartier. C'est à s'en cogner la tête sur les murs.
Ça ne passe pas inaperçu pour le zouf qui vient de lancer sa bombe. Il se trouve cool. Les deux pères des gardiens et moi, semblont être les seuls à trouver tout à fait abominable (avec forte insistance sur les trois dernières syllabes) le comportement de l'instructeur.
Comme bien souvent dans sa carrière de joueur, il a aussi raté le filet à deux occasions. Les deux fois avec des petits gars enlignés dans les deux coins de la patinoire. Le lancer était si puissant que la rondelle a frappé la baie vitrée, a ricoché dans leur direction et a failli décapiter les enfants. Un des parents-bénévole-instructeur sur la glace avait même prévu le coup la deuxième fois en se retirant vers la ligne bleue, laissant derrière les naïves petites têtes en attente de se faire tirer dessus.
Personne n'a été bléssé encore. Mais tout est en place.
Inutile de préciser que la confiance du petit gardien qui vient de se faire passer des lancers à la vitesse du son est ébranlée pour les 4 ou 5 lancers suivants. Même si ils viennent de garçons de son âge.
"Yeah that's part of the game"
S'en était trop pour moi, voyant que personne ne faisait rien sur la glace, à la fin de la pratique je me suis rendu voir un instructeur, idéalement le coupable lui-même mais il semble toujours se cacher. Les "stars" ont besoin de leur île.
"Là il va falloir qu'il cesse de faire le gland avec ses lancers frappés, il va finir par tuer quelqu'un" ai-je dis quand même posément malgré la rage qui m'habitait et en présence des deux pères des deux gardiens.
"Ouais, là je pense qu'il a compris..."
"Quelqu'un lui en a parlé?"
"Non mais il a failli arracher la tête à un jeune..."
Bon...la tête de la médiocrité qui se profilait. J'ai dû réagir. J'ai trouvé le coupable, qui se changeait sur le banc autour de la patinoire.
"Salut!" m'a-t-il dit souriant.
On s'est parlé, il a compris mes inquiétudes. Il était d'accord. "Tu sais...dans le feu de l'action..."
Oui, mais on ne range pas son jugement dans son jean même dans le feu de l'action. Si on se sent trop dans le feu de l'action,  peut-être sommes nous en train de brûler nous-même, appeller les pompiers est peut-être une bonne idée.
Bonjour mon nom est Hunter Jones, pompier.
Ouais je serais curieux d'avoir le cerveau d'un redneck juste 24 heures.
J'écouterais Fox et Sun News.
Je ferais du moto-cross ou du NASCAR et passerait mon temps à vouloir impressionner mon prochain.
Je rirais des gags de Peter Macleod.
Je torcherais mon pick-up tous les week-ends.
Et je saurais pour qui voter aux élections.