Le Trouvère

Publié le 26 avril 2011 par Papote

C'était il y a déjà presque une semaine mais, que voulez-vous, je n'allais pas en parler ce week-end alors que j'étais là en tous petits pointillés et que vous étiez tous occupés à vous baffrer de chocolat...

On joue au morceau célèbre ? Allez, zou !
Si je vous dis "Il trovatore", vous allez me dire que vous ne connaissez pas et, moi, je vous dis que si... Mais non !... Mais si !...
La preuve :

Ah ah, qui c'est qui avait raison ?

Donc, mercredi dernier, représentation du Trouvère de Giuseppe Verdi.
Je pense que c'est le premier opéra depuis Tannhaüser aussi parfait tant en interprétation qu'en mise en scène. Tout était parfait !
L'argument est hautement mélo au point d'en être limite ridicule à la lecture mais c'était tellement bien chanté que, malgré tout, j'ai fini avec les larmes aux yeux. Ah, le "Je peux vivre !" final, comme un cri déchiré de Azucena, m'a achevée !
Donc, on nous explique, au tout début, les antécédents de l'histoire : le père du comte de Luna eut deux fils d'un âge proche. Une nuit, on découvrit une gitane près du berceau du plus jeune des deux frères. On la chassa, mais l'enfant tomba malade peu après et on pensa qu'elle lui avait jeté un sort. Elle fut retrouvée et condamnée au bûcher. La fille de la gitane, Azucena, pour venger sa mère, s'introduisit dans le château et s'empara du jeune enfant dans l'intention de le jeter lui aussi au bûcher, sauf qu'elle se trompa et jeta au bûcher son propre enfant à la place du fils du comte qu'elle éleva alors comme son propre fils dans le but d'assouvir un jour sa vengeance contre le comte.

L'opéra débute plusieurs années plus tard. Le comte de Luna père est mort et il a demandé à son fils aîné de continuer à chercher son fils cadet (celui qui a été enlevé par Azucena). Il est amoureux de la duchesse Leonora, qui lui préfère le Trouvère, un troubadour inconnu.
Le comte et le Trouvère, mis en présence, se battent devant la duchesse qui s'évanouit sans connaître l'issue du duel. Croyant que son amour est mort, elle décide de rentrer au couvent mais le comte décide, lui, de l'enlever pour en faire son épouse, de gré ou de force.
Le Trouvère est, en fait, le "fil" d'Azucena (c'est à dire le véritable frère du comte) et est, donc, à la tête d'une bande de gitans.
Par amour, il décide d'enlever la duchesse avant son entrée au couvent (ouais, y avait du monde devant la porte du couvent !), ce qu'il parvient à faire et qui déclenche la colère exterminatrice du comte qui fait le siège du camp des gitans et capture Azucena.
Le Trouvère croyant toujours qu'elle est sa mère décide de la sauver et se fait capturer.
Leonora, pour sauver son amour accepte d'épouser le comte de Luna à la condition qu'il libère le gitan. Le comte accepte son marché sans savoir qu'elle a décidé de se suicider dès que le Trouvère sera libéré.
Le comte accepte que Leonora rende une dernière visite au gitan qui refuse de se sauver quand il comprend qu'elle s'est suicidée pour lui. Le comte, comprenant qu'il a été dupé condamne le Trouvère à mort et impose à sa "mère" d'y assister.
Il fait donc exécuter son frère et la gitane voit sa vengeance accomplie.


Ah, je vous avais dit que c'était du mélo de chez mélo...
Mais la musique et les chants étaient si beaux qu'on oublie ce détail !
Les deux principaux rôles féminins étaient chantés par deux cantatrices, qu'on pourrait qualifier de wagnériennes, mues par une inspiration et un talent proprement phénoménaux. Quelles voix mais quelles voix !!!
Leonora était interprétée par Elza van den Heever, que j'avais vue chanter dans "Ariane à Naxos", qui a été absolument prodigieuse de sentiment, d'émotion.
Elena Manistina fut une Azucena fabuleuse de violence, de haine...
Je m'étendrai peu sur le Trouvère puisque, une fois encore, c'est un ténor qui joue le rôle du héros et, même si Alexei Markov faisait ce qu'il pouvait, il ne pouvait pas lutter contre deux rôles féminins aussi forts...
Faudra qu'on m'explique pourquoi, systématiquement, les héros sont des ténors et les traitres des basses... Ouais, je sais, les codes lyriques et blabla et blabla mais n'empêche qu'ils font très rarement le poids face aux autres chanteurs, hommes ou femmes et, du coup, ils sont toujours décevants...
La mise en scène était sobre, contemporaine mais les costumes étant traditionnels, cela créait un ensemble harmonieux, moderne mais classique. Un peu à la "Roméo et Juliette"...
Pour ce qui est de l'orchestre, je ne vais pas me répéter : on a un orchestre d'enfer qui excelle dans n'importe quel registre et, une fois encore, il n'a pas manqué à sa réputation !
Conclusion : une soirée magique, émouvante, frissonnante...
A voir jusqu'au 29 avril au Grand Théâtre de Bordeaux. C'est complet mais il reste peut-être encore quelques places à 8 € comme celle que j'avais et qui n'était pas si mauvaise que ça...

A bientôt !

La Papote