Or, c'est bien beau de cracher sur son job, de hurler aux corneilles que vraiment ce boulot c'est la barbe du père Fouras, et que cet emploi te va aussi bien que le micro short et les résilles rouges vont bien au livreur de pizza.
Tout ça c'est bien beau, mais si t'aimes pas ton travail, c'est quoi que tu aimerais faire pour gagner ta croûte?
(au pire je pourrais toujours essayer d'aller bosser chez Dupuis)
C'est pour répondre à cette épineuse question que j'ai décidé de lancer mon bilan de compétences.
Il parait que "le bilan de compétences a pour objectif de permettre à des travailleurs d'analyser leurs compétences professionnelles et personnelles ainsi que leurs aptitudes et leurs motivations afin de définir un projet professionnel et, le cas échéant, un projet de formation". C'est juste pile poil ce qu'il me faut.
Commençons par mes incompétences, puisqu'il faut bien commencer quelque part et que des incompétences, j'en ai à revendre:
- J'ai peur des chiffres.
Genre une phobie. Mais justifiée. Je pense que les chiffres sont une invention démoniaque crée uniquement pour me donner des angoisses, des palpitations, des nausées, des pertes de connaissance, des crises de démence, des éruptions cutanées, la perte de mes cheveux, des sueurs froides, des paralysies faciales, des accès de bégaiement, voire la liquéfaction de mon bulbe rachidien. Qu'on me donne une calculatrice en parfait état de fonctionnement et une série de chiffres à additionner. Douze fois je ferai le calcul, j'aurais douze résultats différents. Dont au moins deux négatifs.
Rajoutons des soustractions, des multiplications et des pourcentages et sortons les chapeaux pointus, les cotillons et la camisole.
Et là ou ça devient vraiment drôle, c'est quand je dois essayer de COMPRENDRE et ANALYSER les chiffres en question. A choisir, je préfère qu'on me plante des aiguilles à tricoter chauffées à blanc dans les yeux.
- J'ai une mémoire de poisson rouge en phase d'Alzheimer avancée: sur le miroir de ma salle de bains, il y a un post it avec mon prénom marqué dessus. C'est un pense-bête.
- J'ai une tête de linotte. Je range mes lunettes dans le frigo, la télécommande dans mon sac à main, l'agrafeuse dans ma bento-box, le dossier Dushmoll, vraiment je vois pas comment il a pu atterrir dans le placard avec les produits d'entretien, ah oui, c'est vrai, tu m'as demandé un café, c'est pour ça que je te ramène une tasse pleine d'eau de vaisselle. Et le document à ne surtout pas faire passer à la direction, je me suis personnellement chargée de le remettre à la secrétaire de BigBoss. Je voulais me faire bien voir après la bourdasse de hier, ou j'ai vendu plein de choses très chères à un client que j'ai oublié d'encaisser.
- J'ai des fers à repasser (en panne) à la place des mains. Je bourre les photocopieurs, je plante l'ordinateur, je pète la serrure de la porte d'entrée, je nique les souris, j'éclate les claviers, je renverse les corbeilles à papier, j'encrasse la machine à café, je renverse du capuccino brûlant sur les clients, je me coince les doigts dans la chaise pliante, je plante des punaises dans l'avant bras de ma collègue, je renverse le vase plein d'eau sur des documents originaux qu'on ne peut pas copier, j'éclate le tube de super glue au dessus du foulard hermès de l'autre collègue... et ainsi de suite (liste non exhaustive)
- Je suis aussi fine et vive d'esprit qu'une valise sans poignée. La fille qui balance sur la chef de service à grand renfort d'épithètes fleuris alors que cette dernière vient d'entrer dans la pièce, c'est moi. Nice to meet you.
- Mon sens de l'organisation est à peu près aussi puissant que ma bosse pour les math est proéminente. En général, j'arrive à peut près à cerner et à commencer mes tâches de la journée au moment ou je devrais commencer à ranger mes affaires pour rentrer chez moi. Mon sens de la procrastination étant passablement aigu, je préfère passer la journée à classer les trombones par ordre de taille et à poker ma mère sur facebook plutôt que de faire ce pourquoi je suis si grassement rémunérée. Surtout si mes missions me passionnent autant que la parade nuptiale des Bernard l'Hermite.
Passons maintenant aux compétences, puisqu'il m'en faut bien quelques unes.
- Je suis marrante. Que se soit pour ou contre mon gré, au moins, je mets la bonne ambiance dans le bureau. De deux choses l'une: soit on m'adore (ça peut arriver, certes rarement, mais quand même), et dans ce cas on rit de mes blagues, soit on me déteste (dans l'immense majorité des cas) et on rit à mes dépends. Dans tout les cas, comme il est important de rire au boulot parce que c'est quand même l'endroit ou on passe le plus clair de ses journées, m'avoir dans son équipe peut être un sacré bonus.
- Je fais la cuisine. Notamment des petits gâteaux. Je les réussis particulièrement bien quand je les confectionne pendant mes heures de travail. De toute façon, si je les fais pendant mon temps libre, je les boulotterai toute seule dans mon coin. Autant les faire au boulot. Elles ont un budget pour ça en règle générale les entreprises, non?
- Je suis créative. Championne du monde en sculpture en trombone et patafix sur pot à crayon. ça pose son homme.
- J'ai l'esprit d'équipe. Surtout pour jouer au babyfoot et pour organiser des apéros après le travail.
- Je suis ponctuelle. Je pars du travail toujours à l'heure. Voire même un peu en avance.
- Je présente bien, pour peu que mon interlocuteur soit sourd et aveugle.
- Je sais très bien me servir d'un ordinateur. Notamment du spider solitaire, de facebook et du site de la Redoute.
Et maintenant que nous avons bien noté que je suis le fantasme de n'importe quel recruteur, demandons nous quelles sont mes motivations.
- L'argent. Evidemment. Pourquoi travailler sinon? J'en veux des piles. Des caisses. Des montagnes. Pour pouvoir m'acheter des millions de trucs.
- M'amuser. On va au travail quasiment tout les jours. Si c'est pour s'emmerder, autant rester à la maison. Alors dans mon travail idéal, il faut qu'il m'éclate autant qu'une partie de bataille corse ou de strip poker.
- M'épanouir. Et c'est pas en calculant la probabilité du pourcentage du ratio au prorata de l'inflation que je pourrais me transformer en coquelicot sous le soleil. La pose de vernis fushia, la conception de thé, l'analyse comparée de Public et Closer, le grignotage de biscuits au sésame et l'intégrale de Buffy contre les Vampires semblent bien plus propices à mon développement personnel que des journées entières passées devant une machine à calculer pas du tout coopérative ou face à des clients qui n'ont pas oublié d'être des gros cons.
- Apprendre. Il y a plein de choses que je sais pas. Et le travail semble un moyen pour combler mes lacunes. Notamment en macramé, en poterie, en broderie et en peinture sur porcelaine.
...
Il parait évident que j'ai raté ma vocation de richissime et oisive héritière... On est pas dans la merde...