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Le pape et " le Saint "

Publié le 29 avril 2011 par Perceval

A entendre autour de moi, le message spirituel de la béatification de Jean-Paul II, a du mal à se faire comprendre …

  • Par contre, il est repérable, qu’une tendance à canoniser les papes, soit effective depuis Vatican 1 .( note 1 ) . Depuis les années 50 on assiste à une rafale de procès en béatifications et canonisations. Presque tous les papes ont droit à cette reconnaissance des catholiques, même le contesté Pie XII fait partie des candidats.
  • S’agit-il de légitimer une institution ?
  • Ou , le catholicisme s’adonne t-il à la société du spectacle, façon : foule, petits drapeaux et grandes cérémonies.. ?

Dans cette cacophonie médiatique, et en matière de sainteté, je préfère me tourner vers Bernanos..

« Souvent, ( les saints ) ont été une épreuve pour l’Eglise avant d’en devenir la gloire » dit le curé de Torcy, dans le Journal du Curé de Campagne.

Donissan est « un saint », avec tous les excès : «  La vie de cet homme étrange, qui ne fut qu’une lutte forcenée, terminée par une mort amère, qu’eût-elle été si, de ce coup, la ruse déjouée, il se fût abandonné sans effort à la miséricorde, s’il eût appelé au secours ? Fût-il devenu l’un de ces saints dont l’histoire ressemble à un conte, de ces doux qui possèdent la terre, avec un sourire d’enfant roi ?… »

La saint côtoie Satan : « Le saint de Lumbres en arrive à douter de sa foi en affirmant la victoire du Mal malgré la rédemption. Il va donc mettre Dieu à l’épreuve en lui demandant un miracle. Se sentant défié par Satan, « il n’implore pas ce miracle, il l’exige. Dieu lui doit, Dieu lui donnera, ou tout n’est qu’un songe. De lui ou de Vous, dites quel est le maître ! Ô la folle, folle parole, mais faite pour retentir jusqu’au ciel, et briser le silence ! Folle parole, amoureux blasphème !… » Donissan n’a pas demandé par amour mais par colère. »

 

« La sainteté, s’avoue-t-il, comme toutes choses en ce monde, n’est belle à voir qu’en scène ; l’envers du décor est puant et laid. »

La sainteté est d’abord la réponse libre et entière d’une personne qui a discerné un appel divin à servir autrui : « Vous n’ignorez pas ce qu’elle est : une vocation, un appel. Là où Dieu vous attend, il vous faudra monter, monter ou vous perdre. N’attendez aucun secours humain. Dans la pleine conscience de la responsabilité que j’assume, après avoir éprouvé une dernière fois votre obéissance et votre simplicité, j’ai cru bien faire en vous parlant ainsi. En doutant, non pas seulement de vos forces, mais des desseins de Dieu sur vous, vous vous engagiez dans une impasse : à mes risques et périls, je vous remets dans votre route ; je vous donne à ceux qui vous attendent, aux âmes dont vous serez la proie… Que le Seigneur vous bénisse, mon petit enfant ! »

Pour Bernanos, Donissan n’est pas saint parce qu’il réalise des prodiges (où Satan d’ailleurs trouve un terreau propice à ses ruses) mais parce qu’il continue, quoi qu’il en coûte, de remplir les obligations de son ministère, comme fréquenter le confessionnal jusqu’à l’épuisement et jusqu’au dégoût. La sainteté est simplement la présence de Dieu dans une âme qui accepte de l’accueillir.

La sainteté, selon Bernanos, consiste à connaître comme Dieu. Dieu connaît avec charité et pitié, « non pas cette pitié qui n’est que le déguisement du mépris ». Satan connaît avec curiosité (mot souvent repris). Celui qui agit sous l’emprise de Satan vise la concupiscence ou le pouvoir, il cherche à connaître pour détruire. Dans l’ordre surnaturel, il veut choisir l’infini sans Dieu, il nie ou veut abolir l’image de Dieu chez autrui. À l’opposé, connaître selon Dieu, c’est s’engager dans une relation interpersonnelle responsable.

( Note 1 ): « Pie IX se distingua surtout par un événement unique non seulement dans l’histoire de la papauté, mais aussi dans celle des hommes : la proclamation de l’infaillibilité d’un être humain.

Le concile de Vatican I, ouvert le 8 décembre 1869, avait comme but déclaré cette proclamation, et Pie IX ne s’en cachait pas. Un grand nombre de prélats étaient opposés à cette étape de l’évolution de l’Eglise qui, une fois franchie, serait irréversible, pensaient-ils à juste titre. Mais Pie IX s’obstinait. Ni les interventions de personnalités comme l’éminent évêque de Mayence, ni celles d’historiens qui lui rappelèrent les erreurs doctrinales de ses précurseurs (Honorius I, par exemple, condamné par le VIe Concile oecuménique de 680), ne purent venir à bout de sa détermination farouche. Le conflit entre la Prusse et la France vint à point nommé pour le conforter dans son projet : des évêques allemands et français durent repartir vers leurs diocèses, privant l’opposition de leurs voix. Cinquante-trois autres quittèrent Rome plutôt que de ratifier le dogme de l’infaillibilité. La plupart des évêques restants étaient italiens et beaucoup dépendaient matériellement du pape. Lequel leur fit entendre qu’il pourrait leur couper les vivres s’ils se montraient récalcitrants. Finalement, il n’y eut plus qu’un quart de pères conciliaires pour se dresser contre la volonté du pape, et le dogme fut voté sans difficulté le 18 juillet 1870. Il stipulait que le pape, désormais seul, sans être obligé de convoquer un concile, était infaillible quand il s’exprimait ex cathedra sur un sujet touchant la foi ou les moeurs (2). "Les définitions du pontife romain sont irréformables par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l’Eglise. Que si quelqu’un, ce qu’à Dieu ne plaise, avait la témérité de contredire notre définition, qu’il soit anathème."

Extrait ...  de Jean-Pierre Sara.


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