Paul et Romain. Allongés. Ils regardent les étoiles, fument, se détendent. Paul lance la conversation :
- Alors, t’es amoureux ?
- Je ne sais pas. Avant, cela me paraissait évident maintenant non.
- Attends, tu n’avais plus que son nom à sa bouche : Ophélie par ci, Ophélie par là. Et il suffit que tu embrasses ses lèvres pour que le charme soit rompu ?
- Elle a goût salé, un goût de larmes.
- Normal, tu l’a bécotée dans la mer. Tu fais ton difficile, je crois.
- Non, c’est faux. J’ai juste touché un rêve et je suis déçu, ça arrive, non ? En plus, elle marche comme une grue quand elle porte des talons…
- Eh bien, voilà, mettons les pieds dans le plat ! Tu veux que je te dise ?
- Non !
- Eh bien, je vais te le dire quand même : c’est ton Christobal le bouc de mes fesses, oui, qui t’a tourné la tête ! Depuis que tu travailles pour lui, ta vision du monde n’est plus la même. Tu es devenu pédant, snob et peut-être même misogyne !
- Tu rigoles ? Je vois la femme avec un grand f pour la première fois de la vie. Au contraire, c’est une révélation !
- Et quelle révélation ! Pour ton gourou, toutes les femmes doivent être conformes à son image : perchées, altières, prêtes à tout instant à perdre l’équilibre et…
- Et alors tout le monde ne peut aimer des tireuses de poussettes qui ont leurs deux sabots bien plantés sur terre…
- Waouh, en plus, t’es devenu con ?
- Et toi, qu’est-ce qui te prend aussi ? Je croyais que tu étais juste là pour me donner la réplique, pas m’engueuler. C’est une rébellion ?
- Non, je crois juste que nous sommes tous las de jouer des rôles qui ne nous conviennent pas… salut!
- Attends, Paul!
(Paul part sans se retourner)