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Un putsch se prépare en Valais
Ami lecteur, l'heure est grave. Il est temps d'aller quérir le fusil d'assaut qui dort sous ton lit, de le graisser, d'entamer un mouvement de charge, et de monter la garde. Un pronunciamiento, composé du rédacteur en chef de ce journal (oui, le Nouvelliste, que tu tiens en mains), d'un Serbe fou, d'un Saviésan semi-Habsbourg et d'un peintre non-dégénéré se prépare à prendre le pouvoir en Valais. C'est en tout cas ce que j'ai lu, sous la plume d'Albertine Bourget et Xavier Filliez, dans le Temps du mercredi 20 avril. Ce quatuor diabolique se réunit tous les lundis dans un carnotzet secret, sauf les nuits de pleine lune, sous les photos des généraux Challe, Salan, Jouhaud et Zeller. Ils portent cagoule. Ne laissent nulle trace écrite de leurs rencontres. Ne communiquent que par pigeons voyageurs, chacun de ces infortunés volatiles étant immédiatement égorgé à l'issue de son vol messager. Et dévoré par les comploteurs.
Après une très longue enquête, je suis en mesure, par devoir civique et irrépressible vocation de transparence, de vous livrer ces quatre noms : il s'agit de Jean-François Fournier (pressenti comme ministre de l'Information du futur Comité de Salut public, il sera également secrétaire d'Etat au Cinéma), Slobodan Despot (il prendra le portefeuille des Affaires balkaniques), Jérôme Rudin (futur ministre de la Culture, chargé de noyauter la Fondation Gianadda, d'où émettra une radio des insurgés), ainsi que d'Oskar Freysinger, qui prendra en charge l'ensemble des autres portefeuilles gouvernementaux, avec une attention toute particulière à l'Instruction publique. Je vous demande, pour l'heure, de ne rien ébruiter de tout cela. Je l'ai lu dans le Temps. Et le Temps, c'est la Bible.
Oh, n'essayez pas d'interroger ces quatre personnages. Evidemment, ils nieront. D'ailleurs, le Temps (dont j'aimerais ici rappeler la dignité de journal de référence) n'a pas perdu le sien (de temps !) à donner la parole aux conjurés : si, en plus, les journalistes devaient prendre contact avec les gens dont ils parlent, on n'en finirait jamais. Las, l'affaire est grave, " le cénacle s'est-il fixé l'ambition concertée de servir l'ultra-droite ? Pour, qui sait, propulser in fine le chef de file de l'UDC locale au Conseil d'Etat ? ", se demande, avec une rare pertinence, le fils naturel du Journal de Genève et du Nouveau Quotidien, qui fait, en l'espèce, œuvre d'hygiène publique, reléguant les Catilinaires au rang d'aimable chansonnette, au moment des caresses et des préliminaires.
J'aimerais ici, officiellement, rendre hommage à mes confrères du Temps. Par leur civisme, leur courage, ils nous révèlent l'un des complots les plus odieux que ce canton ait connus depuis les heures les plus noires de Catacombes. Face à ce quatuor de la nuit, il fallait que la Lumière fût. C'est désormais chose faite. Et maintenant, allez tous. La messe est dite.
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Commentaires
D'abord vous ne niez rien quant au fond du papier du Temps et sur ce que cet excellent morceau de journalisme révèle : ni les amitiés suspectes entre un magnat éconard du vin et une maison d'édition qui mitraille de l'UDC tous les deux livres, ni la communion idéologique entre des individus influents qui clament partout leur indépendance d'esprit, ni même que ces gens-là ont autre chose à l'esprit que la seule beauté de l'esprit et qu'ils sont véritablement engagés dans un combat politique, souterrain pour certains, visible pour d'autres.
Ensuite, vous dites que le Temps n'a pas donné la parole aux protagonistes de ce vaudeville sinistre. Et une seule lecture du papier d'Albertine Bourget vous donne tort, puisqu'elle s'est adressée à tous, sauf à Oskar Freysinger qui de toute façon s'exprime déjà partout et tout le temps. Ce qui est vrai, en revanche, c'est que ni Slobodan Despot, ni Fournier, ni Giroud ne lui font l'honneur de répondre clairement à ses questions. S'il s'agit de s'autoproclamer chantre de la liberté d'expression dans Le Temps, Despot est au premier rang. Dès qu'on lui pose des questions, au demeurant très simples et directes, non seulement il hurle au complot, mais vous lui emboîtez le pas avec toute l'emphase dont nous vous savons capable.
Enfin et surtout, votre papier est une scintillante illustration de la thèse centrale de l'article paru dans Le Temps. En vous précipitant pour défendre vos petits copains valaisans, et dans les colonnes du Nouvelliste en plus, tout en le relayant dans la TDG, vous vous alignez vous-même sans l'ombre d'un doute possible sur l'agenda idéologique et politique de ce groupe, et vous lui servez la soupe sans vergogne, même si vous n'avez pas l'ombre du début d'un argument réel pour attaquer Le Temps.
Votre style, indéniable, gagnerait à servir une attaque reposant sur autre chose que des insultes et des ricanements, un peu nerveux d'ailleurs.
Ecrit par : Jean-Christophe Felley | 04.05.2011
J'ai lu l'article, bien sûr, et l'ai trouvé très édifiant. Non pas sur l'idéologie de la bande des quatre, que chacun connaît, puisqu'elle étale généreusement dans toutes les gazettes. Mais sur cette très moderne " théorie du complot ". Il y a des comploteurs partout. Il faut les démasquer. On nous cache la vérité. Etc. Or l'article - caractéristique du Temps - ne montre, ni démontre rien. Papier perdu. Le seul fait avéré, c'est que ces quatre-là partagent une fondue de temps en temps. Est-ce un scoop ?
Ecrit par : fédor | 04.05.2011
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Mise en garde à tous mes amis: sachez que je suis un conspirateur décidé à renverser la démocratie valaisanne! Toutes les preuves sont sur le blog de Pascal Décaillet...