Suite à mon article sur les fautes d’orthographe et la littérature brute, et surtout aux commentaires, je continue ici ma réflexion.
Pour lire le début, c’est là : De la beauté de la faute d’orthographe
Pour lire le dialogue/début de réflexion, c’est ici : Les commentaires
Pour lire la suite de ma réflexion, et bien , c’est juste en dessous (je n’ai pas forcément repris TOUTES les remarques puisque le débat continue là-bas, mais c’est un nouvel axe de réflexion)
L’ostracisme orthographique est une exclusion que je trouve assez choquante. Parce qu’elle était jusqu’ici invisible : il est facile de dissimuler son niveau de connaissance scolaire à l’oral. Question d’assurance, de bagout et de culture personnelle, de capacité d’adaptation. Sauf que maintenant, l’écrit prend le pas sur l’oral, les lacunes orthographiques se voient comme le nez au milieu de la figure !
Interdire à des gens d’écrire (ce qui se produit quand on dit « Je ne peux pas lire ça, il y a trop de fautes » ou « Il faut prendre soin d’écrire correctement quand on s’exprime en public » : un écrit est là pour être lu, sinon, il n’existe pas, peu importe l’auteur et la forme s’il est là pour exprimer une opinion), les stigmatiser parce qu’ils n’ont pas une orthographe décente (je ne dis pas parfaite, car pour la plupart des gens quelques fautes sont pardonnables… la limite de quelques fautes est pourtant très changeantes et finalement dépend de chacun. A partir de combien de fautes vient la limite ?
A partir de quelle faute ? L’inattention, l’absence de relecture, le lapsus seraient tolérables… mais pas la faute caractérisée ? Pourquoi ?
Parce qu’elle montre que la personne n’a pas assimilé une règle de français qui parait évidente à tous, ou plutôt à ceux qui ont réussi à l’assimiler. J’ai toujours été une bonne élève. Pour moi, certaines règles sont évidentes et pourtant, il m’arrive de faire des fautes. De ne pas les voir à la relecture… Alors pour quelqu’un qui n’a pas réussi à assimiler cette règle à l’école, ça relève de l’exploit ! (parce que disons-le l’école n’est pas un lieu d’apprentissage idéal : si on ne rentre pas dans le moule imposé, on est vite largué et il ne reste plus qu’à survivre jusqu’à la fin de l’année au lieu d’essayer d’apprendre.)
La plupart du temps, ces gens sont parfaitement conscients de leurs erreurs, mais comme on ne leur a pas APPRIS à chercher par eux-même comment y remédier, parce qu’ils ont quittés l’école et donc que c’est fini… Souvent aussi avec l’idée que le prof est là pour inculquer les règles, qu’on ne peut pas apprendre sans lui, alors qu’il devrait être là pour nous enseigner comment apprendre par soi-même… c’est le seul moyen d’apprendre ! Comme des guides et non des doctrinaires…)
Comme je l’ai dit en commentaire : j’étais bonne élève, j’ai eu de bons profs qui m’ont donné envie d’en savoir plus par moi-même, j’apprenais facilement, j’ai été élevé dans une famille où la règle était se débrouiller par soi-même avant de demander de l’aide .
« ça veut dire quoi ?
- Regarde dans le dictionnaire. »
Et seulement, si je ne comprenais pas ce que me disait le dico, on m’expliquait. Combien de gens actuellement possède un dictionnaire (un vrai, pas un truc microscopique de poche pour dépanner) ? Combien savent s’en servir ? Combien l’utilise dès qu’un mot leur est inconnu ? Dès qu’ils doutent sur l’orthographe. Pour moi, le dico, le bescherelle ou les règles grammaticales sont des outils que je maîtrise : non, je n’ai pas une orthographe parfaite, j’essaye de m’améliorer parce que j’ai APPRIS enfant à utiliser ses outils, à les voir comme des alliés, des aides en cas de défaillance et non des ennemis à connaître par coeur, des livres rébarbatifs, des trucs à mettre au feu à la fin de l’année ?
Mais je sais aussi ce qu’est un traumatisme. Et je ne vois pas pourquoi je stigmatiserai des gens parce qu’ils n’ont pas aimé l’école, parce qu’ils n’ont pas compris comment on apprenait, que le s règles, ça s’apprend, mais que si on ne les connaît pas, on peut toujours les chercher ailleurs que dans sa mémoire…
Evidemment, je déteste les textes kikoolol ou l33t. Parce que ces gens ne font aucun effort de logique, de réflexion, de français… Je fais donc aussi une discrimination ! Mais je considère que si un texte a une logique, une réflexion intéressante, il devient intéressant MALGRÉ l’ortho-grammo-conjugaison approximative. Parce qu’il y a une véritable recherche derrière des lacunes qui ne sont pas le fait de la personne mais bien souvent de son environnement social, culturel, scolaire…