Femme lisant avec un enfant – Jean-Baptiste Siméon Chardin – 18ème siècle
Ce type de dessin est appelé « trois crayons ». Parce qu’il associe 3 types des « crayons » en une seule technique : Sanguine (ocre), craie (blanc) et pierre noire (remplacé parfois par le fusain), le tout sur un papier en demi-teinte (généralement brun, mais parfois gris). Le dessin est réalisé majoritairement à la sanguine (un bâton de pigment d’ocre ressemblant plus à une mine dur qu’à des fusains friable), les ombres sont accentués à la pierre noire, et les éclats de lumière réalisés à la craie (et en dernier).
Dans cette composition, on voit combien Chardin maitrisait son dessin, aussi bien le portrait, la composition (emboîtement des triangles, diagonale qui donne un effet dynamique alors que la scène est figée, triangle de regard, et surtout l’effet de perspective de contraste.)
La perspective de contraste dit que plus l’objet est proche de l’oeil, plus il est contrasté, plus il s’en éloigne, plus les contrastes s’apaisent. Se qui permet d’avoir une femme aux traits très doux, tout en demi-teinte sans une seule trace de noir, et d’asseoir la scène au premier plan avec l’amoncellement de drapés et les robe et coiffe de la fillette. On remarquera tout de même que la coiffe de l’enfant est énorme et couverte d’une plume. En faite, on ne distingue que du noir et du blanc. Pas du tout de sanguine. Soit l’enfant avait effectivement une telle coiffe sur la tête, soit Chardin a cherché à dissimuler une erreur. Ce qui semble être le cas, car la plume de la coiffe est directement dans l’axe du contour de la jupe de la femme… ce qui est assez grossier dans une composition toute en ondulations !
Ainsi pour cacher une erreur, il a préféré attirer l’attention sur une coiffe redessinée et très voyante, histoire qu’on ignore le reste des détails. Les erreurs sur les dessins se dissimulent difficilement quand une peinture peut être retouchée à l’infini.
S’en est fini pour le thème Femme et enfants. La semaine prochaine et pour tout le mois de mai, je vous proposerai des lectures de groupe, histoire de montrer que la lecture a TOUJOURS été sociale, et que les innovateurs qui prétendent inventer la lecture sociale avec le numérique, ne font que recycler des idées vieilles… comme l’écriture !