Source : Odile Gillmann
L’ eau forte est elle aussi un procédé de gravure en taille douce sur une plaque de métal, généralement en cuivre. Il s’agit d’une technique indirecte. En effet, l’aquafortiste se sert d’un mordant chimique, à l’origine l’acide nitrique et maintenant du perchlorure de fer. On donne également le nom d’eau-forte à l’estampe que l’on obtient. Cette technique permet une grande rapidité d’exécution.
Il existe plusieurs procédés d’eaux-fortes, notamment l’aquatinte, la gravure au lavis et la « manière crayon »
Sur une plaque de métal préalablement recouverte d’un vernis à graver, l’artiste exécute son dessin. A l’aide d’une pointe métallique il retire le vernis à certains endroits. La plaque est ensuite plongée dans un bain d’acide qui “mord” les zones à découvert et laisse intactes les parties protégées. Après nettoyage du vernis, avec un solvant comme le « White spirit » puis essuyage, la plaque est encrée, dans les creux, et mise sous presse.
La technique empruntée aux orfèvres arabes d’Andalousie est utilisée dès le 15ème siècle par Urs Graf et Albrecht Dürer puis le siècle suivant par .Francesco Mazzola dit « Le Parmesan” ou par l’Ecole de Fontainebleau avec Antonio da Trento. Elle est améliorée par le lorrain Jacques Callot . A l’aide d’une échoppe il varie la grosseur du trait, avec des pleins et des déliés. Viendra ensuite Abraham Bosse
Parmi les utilisateurs de cette technique, on trouvera, au fil du temps Van dyck Rembrandt - Claude Lorrain, Ruysdael et Van Ostade puis Gabriel de Saint-Aubin- Piranèse Watteau - Boucher - Tiepolo.
Au XIXe siècle des grands peintres ont été aquafortistes, comme Seghers - Goya Bresdin , Daubigny , Corot, Manet et aussi les impressionnistes comme Degas , Pissarro ou Mary Cassatt et encore Belgeonne - Renouard le Comte de Caylus sans oublier Félicien Rops - Picasso - Matisse
L’aquatinte (aqua tinta) est une technique dérivée de l’eau-forte, mise au point dans la seconde moitié du 18èmeau lieu de traits. Elle est issue de la technique de la gravure au lavis mise au point par Jean-Charles François et améliorée parJean-Baptiste Le Prince qui utilise une résine de colophane. Elle permet d’obtenir un dessin formé de points avec des effets de teinte
Parmi les techniques de l’eau-forte il faut encore citer la « manière crayon » mise au point par Ludwig Von Siegen qui permet d’obtenir des traits et des effets semblables à ceux d’un crayon. On utilise ici une molette rayée. Elle est supplantée par la lithographie.
Voici une petite sélection subjective d’oeuvres réalisées en eau-forte.
Abraham Bosse - Galerie du Palais - Eau-forte
Albrecht Durer - Saint-Jérôme dans sa cellule - Eau-forte
Urs Graff - Passion - Eau-forte
Antoine Van Dyck - Autoportrait - Eau-forte
Rembrandt - Jésus chassant les marchands du temple - Eau-forte
Francisco de Goya - Corrida - Eau-forte
Camille Pissaro - Autoportrait - Eau-forte
Vincent Van Gogh -Le Dr Gachet - l’homme à la pipe- Eau-forte
Félicien Rops - Le père Muck - Eau-forte
Edouard Manet - Berthe Morisot - Eau-forte
Mary Cassatt - Mère et son enfant - Eau-forte
Henri Matisse - Portrait de Baudelaire
Pablo Picasso - La chute d’Icare - Eau-forte