Le 26 Avril 1986, il y a 25 ans, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl explosait répandant dans l’atmosphère cent fois la quantité de radioactivité des sinistres bombardements de Nagasaki et Hiroshima durant la seconde guerre mondiale. En Biélorussie, en Ukraine, et en Russie, 150000 km2 de terre on été irradiés si fortement qu’une grande partie de la population a dû être évacuée faisant de la région un quasi no man’s land.
On pourrait se dire, c’était il y a 25 ans, chez des Russes pas forcement en pointe en terme de sûreté de ses installations. Sauf que la catastrophe du 11 Mars dernier à Fukushima au Japon (qui est l’une des premières puissances mondiales les plus évoluées au monde d’un point de vue technologique) nous rappelle les dangers et les incertitudes liées au nucléaire. D’ailleurs, le 12 avril dernier, l’Agence japonaise de sûreté nucléaire a pris la décision grave de relever le niveau de l’accident de la centrale de Fukushima de 5 à 7, soit le plus élevé selon l’échelle internationale des évènements nucléaires et radiologiques. Ce niveau signifie qu’un rejet majeur de matières radioactives s’est produit avec des effets considérables sur la santé et l’environnement
Peut-on du coup comparer les deux catastrophes ? Pas vraiment puisque le niveau des émissions radioactives enregistré depuis l’accident de Fukushima équivaudrait à environ 10% de celui mesuré en 1986 à Tchernobyl. Toutefois, pour les ingénieurs français de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, si les ingénieurs japonais ne parviennent pas à refroidir les réacteurs de manière significative d’ici les prochaines semaines, la totalité du combustible se retrouvera hors de l’eau et les rejets radioactifs seront très importants, les piscines se trouvant quasiment en plein aire, sans enceinte de confinement. On serait alors au même niveau de rejet que lors de la catastrophe de Tchernobyl.
Mais selon Stefan Füglister, expert nucléaire pour Greenpeace "Ces trois catastrophes ont ceci en commun, que de façon choquante, elles ne feront jamais partie du passé pour les êtres humains qu’elles ont touché. Comme le montre l’histoire des catastrophes nucléaires, les victimes doivent en subir les conséquences à long terme. Les conditions de vie dans les proches alentours de la catastrophe de Tchernobyl sont aujourd’hui encore très mauvaises, alors que près de cinq million de personnes y habitent." Une enquête récente de l'ONG montre que dans certaines régions, les doses de radioactivité contenues dans les denrées alimentaires dépassent les normes admises. Les chiffres des cancers de la thyroïde chez les enfants sont en hausse, alors que 80% des liquidateurs sont considérés comme malades.Le 21 avril, EDF a convoqué pour la première fois la presse depuis la catastrophe de Fukushima. Et Greenpeace était présente pour se charger du comité d’accueil pour marteler au siège de l’entreprise que le nucléaire sûr n’existe pas.
Il faut savoir qu’il y a quelques semaines, le président de l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) André-Claude Lacoste, pointait du doigt 4 failles importantes de sécurité relevées sur l’EPR en relation directe avec la situation actuelle à Fukushima. Au point pour notre président d’envisager de mettre en place un moratoire sur la construction de ce nouveau réacteur en France ! Et là où la situation est encore plus cocasse, c’est que la France est engagée dans plusieurs projets EPR dans le monde, dont deux en Inde, dans la région de Jaitapur, une zone connue pour l’extraordinaire richesse de sa biodiversité mais également pour son risque sismique élevé.
De plus, sur le JT de 20h de TF1, on a appris qu’un pharaonique projet était actuellement en cours d’élaboration pour enfermer sous un sarcophage hermétique pharaonique la centrale de Tchernobyl, projet qui coutera au moins 1 milliard d’euros et qui aura la taille d’un stade de football. Et devinez qui construit ce sarcophage ? Bouygues, entreprise française et également propriétaire de la chaine privée TF1. C’est beau le hasard tout de même !
On a quand même vu meilleure publicité pour une énergie soi-disant d’avenir ! Et après quand on parle de discussions démocratiques pour envisager la sortie du nucléaire, un certain personnage nous prédit un retour au Moyen-Âge si un tel débat a lieu ? Mais pour qui nous prend-on ? De quel droit n'aurions nous pas droit, nous citoyens, de nous emparer de ce sujet et de réclamer des énergies plus sûres, sans déchets radioactifs, sans risques d'accidents graves ? Et dilapider des ressources fossiles comme l'uranium c'est être moderne peut-être ? C'est faire exactement la même connerie que nos ancêtres. Mais suis-je bête, c'est pour les générations futures évidemment. A eux bien évidemment de se démerder et de payer pour nos idées rétrogrades.
La catastrophe de Fukushima l'a bien montré: face à des évènements naturels imprévisibles, même nos calculs en terme de sécurité et de sûreté sont bien en deçà de la réalité. Et en réalité, plus important que de sortir d'une énergie pour aller à un autre, c'est notre perception du risque et notre mode de consommation que nous devons changer.