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Quand les peintres cachent des frères artistes

Publié le 05 mai 2011 par Lauravanelcoytte

Par Ariane Bavelier, Eric Bietry-Rivierre
18/04/2011 | Mise à jour : 14:20 Réactions (2)

La Fée électricité (détail) ,de Raoul et Jean Dufy, 1937.
La Fée électricité (détail) ,de Raoul et Jean Dufy, 1937.

Deux expositions parisiennes mettent en lumière les Caillebotte et les Dufy. L'occasion de vérifier que le talent n'est pas une chose également partagée. 


Les frères de grands peintres peuvent-ils aussi se faire un nom d'artiste ou bien sont-ils voués à rester à jamais dans leur ombre? Jusqu'à l'époque romantique où le génie se doit d'habiter une tour d'ivoire, la question ne se posait guère. Traditionnellement, l'aîné reprenait l'atelier du père et les cadets travaillaient à ses côtés, les toiles s'élaborant parfois en commun. Lorsque le nom se met à compter, c'est-à-dire quand on commence à collectionner des œuvres signées, l'entente cordiale devient moins évidente.

Si Franz Xaver et Hermann Winterhalter s'adorent, si Hyppolite et Paul Flandrin forment un couple inséparable comme Diego et Alberto Giacometti, les Duchamp laissent beaucoup de place à Marcel, le plus révolutionnaire d'entre eux il est vrai. Quant à Balthus et Pierre Klossowski, ils ne s'apprécient guère. Enfin, pour éviter toute confusion, ­Alberto de Chirico, frère de Giorgio, prend le nom de Savinio.

«Frères et sœurs concluent toutes ­sortes d'arrangements qui peuvent se révéler intéressants, écrit Leon Krempel, commissaire de l'exposition «Family ­Affairs» au Palais des beaux-arts de Bruxelles en 2006. Certains se partagent rationnellement le marché; d'autres veillent à laisser la voie libre, tantôt c'est l'aîné qui transmet ses idées et techniques artistiques à son cadet, tantôt les coups de pinceau semblent donnés d'une manière parfaitement synchrone.» L es relations ne sont pas toujours aussi simples.

Relation fusionnelle

Ainsi chez les Dufy. Tout commence bien entre Raoul et Jean, de onze ans son cadet. Le premier sert de tremplin au second quand, à 20 ans, rentré de sept ans de navigation, il décide de devenir peintre à son tour. Raoul, qui a bénéficié de cours, donne des conseils techniques au mousse autodidacte, l'aide financièrement, le recommande pour des décorations sur tissus qu'on lui réclame, l'introduit auprès de la communauté des artistes de Montmartre.

En 1936, quand la compagnie parisienne de distribution d'électricité lui commande une immense fresque sur la fée électricité en prévision de l'Exposition internationale qui doit s'ouvrir l'année suivante, il appelle Jean au secours. «Il lui fait tout faire: les recherches historiques, poser en toge ou en costume, un coup de pinceau ici ou là, raconte Charles Sala, commissaire de l'actuelle exposition Dufy au Musée Marmottan. Mais, dans l'immense succès qui accueille la livraison de l'œuvre, aujourd'hui visible au Musée d'art moderne de la Ville de Paris, il ne citera jamais son frère, ni ne le remerciera. Jean ne le lui pardonnera jamais.» Par la suite, Raoul et Jean demeureront officiellement bons amis, mais ils ne se reverront qu'aux réunions de famille. Il subsistera tout de même dans leurs toiles une similitude de motifs et de couleurs: mer, villes, allées cavalières, le bleu, le rose, le jaune…

Autre complicité mais tout à fait différente, observable en ce moment à Paris, au Musée Jacquemart-André: celle des Caillebotte. Entre 1874 et 1878, Gustave et Martial perdent leur père, leur frère René et leur mère. Leur relation n'en est que plus fusionnelle. Ces deux jeunes adultes partagent amis, fortune, beaux appartements parisiens, larges propriétés bourgeoises des bords de Seine. Et sablent ensemble le champagne lorsqu'ils gagnent une régate. Mais Gustave est plus peintre que Martial est photographe. Le cadet ne fera au mieux que reprendre les audacieuses compositions de l'aîné. Preuve, s'il en fallait, que le talent ne se niche pas dans les gènes.

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» Un après-midi chez les Caillebotte

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Par Ariane Bavelier
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LE FIGARO, Le Figaro Nouveaux Médias     http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2011/04/17/03015-...

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