La fille dans le gâteau

Je suis la fille dans le gâteau. J’attends sous la meringue et les fraises, recroquevillée. J’écoute, vicieuse, aux portes des grands. Dans ma cachette en carton pâte, j’entends les hommes s’enivrer. Je leur vole leurs secrets, en douce. Qu’importe ! Ils auront oublié tout à l’heure quand je surgirai, exquise, du gâteau. Dans le plus simple appareil : un string, deux jolis nipples sequins et une perruque. Leurs yeux alors seront uniquement rivés à la pointe de mes tétons. Je glousserai, dandinerai des fesses et porterai à mes lèvres un soupçon de chantilly. Leur esprit aura capitulé depuis bien longtemps. Transformé en petit caniche qui dandine de la queue devant sa mémère. C’est moi qui contrôle. Pas touche. On regarde, c’est tout. Au fait, je m’appelle Cerise. Oui, sans blague, c’est mon vrai nom, et vous ?

J’ai les ongles longs, les fesses hautes, les seins ronds et la taille fine. On soupire devant moi, on râle, on gémit parfois. Et, même lorsque je sors vêtue d’un simple pyjama pour acheter mes croissants, les regards, fiévreux, des jeunes pères de famille se tournent vers moi. Je romps la quiétude des dimanches matins, la paix des ménages et la douce torpeur de Boboland. Et alors ?

Bien sûr, je ne suis pas celle que l’on croit. Je profite juste de l’équilibre éphémère de mes courbes avant qu’il ne soit trop tard. En moi, il y a une vieille femme qui aimerait un jour tomber amoureuse et une petite fille qui en sait long. Elles se disputent parfois mais, en général, se côtoient très bien. A vrai dire, rien ne leur plaît davantage que de jaillir, tel un Jack in the box, d’un gâteau grandeur nature. Je suis la vie et la mort. La preuve ? C’est moi qu’on appelle quand on veut enterrer sa vie de garçon…

La musique résonne, un, deux, trois, c’est bientôt à moi. Je pousse le couvercle du gâteau, me voilà ! Je suis Marilyn, la femme, la cerise sur le gâteau et, d’une voie lascive, je me mets à chanter : « Happy Birthday, Mister President… Happy Birthday to you…»