C’était un vendredi soir doux et plaisant, un de ses vendredis qui donnent envie de se promener dans la belle ville de Paris. Un soir de vélos, de rollers, de flânerie et de verres en terrasse.
Au détour d’une contre-allée, sur un de ses bancs publics si joliment chanté par Georges Brassens (oui, je sais, je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître…) : un bébé, couché sur une petite couverture à langer, de celles qui se transportent aisément dans un sac à dos. Penché sur lui, affairé à lui changer sa couche : son père.
C’était une dyade étonnante, exécutant un acte d’une complicité un peu magique : le petit bébé ne bougeait pas trop, comme pour faciliter la tâche de cet homme qui le couvait d’un regard attentif, tout en accomplissant avec une merveilleuse dextérité cette opération indispensable à la bonne continuation de leur promenade commune. Ils se souriaient l’un à l’autre, heureux d’être là, le petit attentif aux gestes du grand et le grand vigilant quant aux mouvements du petit. Aux paroles murmurées du grand répondait le gazouillis reconnaissant du petit. Les passants, respectueux de cette scène qui normalement réclame un peu d’intimité, s’écartaient avec précaution. Leurs yeux brillants et leur sourire les saluaient au passage, les uns emportant avec eux le souvenir un instant revenu à la surface de leur mémoire d’un temps ancien où, eux aussi, changeaient les couches de leur bébé. Les autres, amusés, emportaient dans leur pas la charmante impression d’une vraie scène d’amour, celle qui lie, à jamais, un petit enfant à son père.