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Monsieur Serge Lassault lanceun vibrant appel pour que lespatrons de la presse libéralerefusent des subventionsd'essence collectiviste
Photo et décors choisis par Étienne Courgeotte, rédacteur en Chef.Assisté par Messieurs Yves Tétard, Ivan Roufiol, Michou Brézé et Yves de Keldrol.
Interview menée par Étienne Courgeotte.É.C : Mes respects, Monsieur le Président Serge Lassault, vous avez donc décidé de refuser les subventions de l'État versées pour l'aide à la presse quotidienne ainsi que pour les sites Web qui dépendent de votre groupe "par conviction libérale" dîtes vous, pourriez vous expliciter vos propos ?
S.L : En effet ! Figurez vous qu'hier matin, tandis que mon barbier, me rasait, et ma manucure soignait mes mains, une brutale illumination spirituelle a éclairé mon cerveau. Mais bon Dieu, me suis je dit, nous, patrons de presse, apôtres radicaux de l'économie de marché, avons l'estomac de recevoir des subsides d'un État omniprésent alors que nous n'avons de cesse de combattre par tous nos moyens de propagande le collectivisme rampant qui pourrit notre pays ! Cette évidence m'a sauté aux yeux !
É.C : Et pourtant, Monsieur le Président directeur général, cette situation dure depuis la libération. Ce sont des sommes considérables qui ont aidé la presse à survivre. Peut-être que nous autres journalistes sommes là grâce à ces subventions...
S.L : Je conçois cette situation car, en temps que marchand d'armes, je sais combien l'argent n'a pas d'odeur. Toutefois dans un geste d'émancipation unique dans l'histoire du capitalisme français, j'ai décidé de refuser ces sommes qui pervertissent notre combat pour la libre entreprise, la mondialisation, la concurrence assumée, la loi du marché ! Se tournant vers les journalistes. Et vous Messieurs me suivrez vous ?
Les journalistes : Oh oui Monsieur le Directeur ! Oh oui ! Les échines sont courbés, les regards torves, les sourires forcés.
É.C : Mais cette mesure - euh - révolutionnaire si j'ose m'exprimer ainsi, même si je déteste ce terme, ne risque t-elle pas de désorganiser nos - euh - services ?
S.L : Bien entendu, dans un premier temps, certains sacrifices devront être consentis par nos braves journalistes ici présents mais je ne doute pas que pour faire triompher leurs idées libérales, ils ne consentent point à donner l'exemple ! S'adressant à eux. N'est ce pas mes chers amis ?
Les journalistes : Mollement. Euh mouais, Monsieur le Président Directeur Général. oui... Oui...
S.L : Dans un premier temps, il nous faudra comprimer fortement la masse salariale pour rester compétitif...
On entend un choc. Ivan Roufiol et Yves Tétard viennent de perdre connaissance. La sécurité s'efforce de les faire revenir à eux. L'interview continue. Les masques sont hagards et la sueur coule comme un torrent sur tous les visages...
S.L : J'envisage également de porter le prix du quotidien à 3,60 €. Et pour la promotion, de joindre les oeuvres complètes d'André Glucksmann en CD avec peut-être en prime le DVD d'un film de Rohmer ? Qu'en pensez vous, Étienne ?É.C : La voix blanche, le rédacteur en chef avale une pillule et engloutit un verre d'eau en tremblotant. Très bien, Monsieur le Président...
S.L : Vous rendez vous compte mes chers journalistes, pour la première fois dans ce pays, NOUS, les missionnaires du libre marché, allons prouver que l'instauration d'une véritable société capitaliste est viable. Vous, mes amis qui chantiez dans vos articles les psaumes de la libre entreprise et stigmatisiez les ravages du bolchevisme, allez pouvoir enfin vivre le bonheur de joindre vos actes à vos paroles ! Tels des pèlerins du 21ème siècle, nous allons montrer notre joie de propager nos idées à l'assaut d'un pays de paresseux et d'assistés.
Un silence. Se tournant vers la porte de gauche, Serge Lassault appelle un mystérieux inconnu.
Monsieur Piao Lin, s'il vous plait ! Un jeune asiatique apparaît souriant. Messieurs, permettez moi de vous présenter votre futur rédacteur en chef adjoint, Monsieur Piao Lin qui a accepté pour 1200 € mensuels de prendre la responsabilité du journal.
Un vacarme assourdissant se fit entendre, les corps sans vie de journalistes, secoués par l'émotion s'écroulèrent. Ce jour là on compta au sein de la rédaction du Jivaro, pas moins de 3 morts. Deux journalistes se retrouvèrent en réanimation.
La tempête médiatique soulevée se révéla non moins dévastatrice : une manifestation de patrons de presse ; avec Monsieur Arnaud Lagardère à sa tête, à laquelle se joignirent les PDG des grands groupes automobiles français et une délégation du MEDEF ; défila devant l'Assemblée Nationale en réclamant le maintien des subventions publiques.
La morale de cette histoire ? C'est que lorsque les journalistes du Figaro, du Monde, de Libération vous serinent leur morale et leur idéologie, dîtes vous bien qu'ils sont partiellement payés grâce aux fonds publics et donc par nous mêmes, contribuables. Ce qui restreint grandement et symboliquement la portée de leurs prêches ultra-libéraux !Gentils lecteurs, que la providence vous garde !Je me permets à l'occasion de ce billet de vous conseiller 2 blogs, Donjipez, journaliste qui m'a inspiré l'idée de ce billet et l'excellentissime TGB rue-affre, pétri d'imagination et de talent, qui se révèle souvent comme un modèle de créativité.Amis de cui cui, à après...