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Yopougon assassiné

Publié le 09 mai 2011 par Addiction2010

Voilà quelques semaines, je faisais état ici même de mes craintes, « Il faut sauver Yopougon », disais-je. Evidemment, personne n’a entendu cet appel, surtout pas les prétendues forces internationales chargées officiellement de protéger les populations. Je m’étais toutefois trompé dans l’ordre des évènement : c’est une fois Gbagbo délogé que les soudards de son rival s’en sont pris à Yopougon.

Car les nouvelles qui m’arrivent de Yopougon ne sont pas bonnes. Non, elles sont terribles.

On a assassiné, pillé. La version officielle est que des partisans de Gbagbo, et surtout des « mercenaires libériens » continuaient le combat alors que le président avait été arrêté. Des mercenaires… Quel camp avait l’argent pour payer des mercenaires ? Car ces gens là n’acceptent sûrement pas d’être payés en francs CFA. Et quand bien même, combien pouvaient-ils être ? En quoi cela peut-il justifier les centaines, peut-être les milliers de morts de Yopougon ?

Des hommes en armes ont forcé les portes, ont sortis les habitants, ont violé, ont assassiné et ont emporté tout y ce qui pouvait avoir la moindre valeur. Des hommes de Gbagbo selon la version officielle… Mais alors, pourquoi les forces internationales, et notamment françaises, ne sont-ils pas venus au secours des populations civiles ? Ceux de Yopougon valent-ils moins que ceux d’Abobo où se cachait le sergent-général IB, honteusement assassiné par son commanditaire ? Valent-ils moins que ceux des Deux-Plateaux que les hélicoptères français ont secouru, parce qu’ils avaient assez d’argent pour avoir acheté un passeport français à leurs enfants ? Oui, nous, ici en France devons avoir honte. Notre armée, qui se dit héritière de celle de Valmy, a failli. Elle a failli parce qu’elle sert certains intérêts et ne défend plus aucun peuple, et surtout pas celui de Cote d’Ivoire.

Où es tu Yopougon ? Que reste-t-il des rues où circulaient des taxis bondés, des bus surchargés. Que reste-t-il des maquis bruyants où l’on mangeait le poisson avec l’attieké, ou alors une sauce graine bien pimentée. Que reste-t-il de ces terrains improvisés où l’on jouait au maracana. Les a-t-on transformés en tombes sommaires pour cacher la multitude de corps que les soudards à la solde du dictateur Ouattara ont laissé derrière eux. Qu’a fait Yopougon pour mériter cela ? Elle n’a pas voté pour le régent désigné par le club colonial, voilà son crime. C’est au nom de cela que l’on a assassiné, violé, pillé. Les victimes n’ont pas été choisies : on a sorti les gens de leurs maisons aux murs si fins qu’il n’a pas été bien difficile de les prendre. Car ici, pas de châteaux comme à Cocody. Ce sont des petites maisons que les gens ont acquises au fil des ans, en les payant petit à petit, en location vente à l’époque d’Houphouët. Mais c’était sans doute encore trop. Ce petit peuple qui n’avait pas hurlé avec les amis du dictateur choisi par le club de Neuilly devait payer.

Ouattara n’est qu’un nouveau Pinochet, Sarkozy n’est qu’un Nixon de carnaval. Les français doivent savoir les saloperies qu’on a encouragées en leur nom. Les français doivent savoir qu’ils ont été trahis, et ceux qui ont organisé cela doivent payer pour leur forfaiture. Quand on est complice d’un assassin, on est un assassin.

Non, décidément, je n’accepte pas que l’on assassine en mon nom. Et surtout pas le peuple de Yopougon, où je sais que je ne retrouverai plus certains visages.


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