En retrouvant la lumière du jour, nous eûmes l’impression de sortir d’un rêve. Nous embrassâmes une dernière fois l’Osireion du regard avant de suivre un sentier menant au temple de Rhamsès II. À quelques centaines de mètres de là, du sommet d’une petite colline, nous aperçûmes l’édifice en contrebas. Cependant, à mon grand dam, il nous fut impossible d’y accéder. Une trentaine d’hommes œuvraient à mettre à nu colonnes et portiques, à nettoyer les murs et à creuser les sols. Une partie du monument paraissait fort délabré, à l’exception de quelques fresques et bas-relief. Sur le trajet du retour, je contai à Madame Gallerini le mythe d’Osiris, pourquoi son frère Seth, par jalousie envers le premier roi d’Égypte, l'avait découpé en morceaux qu'il avait éparpillés dans le Nil, puis comment la magicienne Isis, sa sœur et épouse, secondée par Anubis, l’embaumeur à tête de chacal, avait reconstitué le cadavre avant de s’unir à lui pour donner naissance à Horus, le dieu à tête de faucon.
Madame Gallerini buvait mes paroles comme un enfant à qui l’on raconte comment l’innocente princesse est délivrée par le prince charmant. Lorsque nous embarquâmes à nouveau, je devinai dans ses yeux brillants la même exaltation qui m’avait saisie quelques années auparavant. Elle me fit promettre de poursuivre son initiation aux mystères égyptiens en échange de quoi, elle s’engagea à parfaire mon éducation chrétienne qui, lui semblait-il, depuis l’épisode des noces du fils, souffrait de quelques lacunes. En me quittant devant sa cabine, elle me donna rendez-vous après le souper, pour le coucher de soleil. Son oncle n’y verrait certainement aucune objection. Ces dernières vingt-quatre heures ayant été pour le moins harassantes, elle me proposa une soirée de détente. J’acquiesçai, ravie. Elle me chargea d’amener une flasque d’alcool pour égayer le spectacle. Elle éclata d’un rire cristallin et ferma la porte sans préambule. Je restai quelques secondes interdite, puis regagnai ma cabine.
A suivre...