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Numquam in plano

Publié le 12 mai 2011 par Ctrltab

Numquam in plano

« Jamais à plat, c’est ma devise », a professé Cerise juste avant que je ne parte assurer sa journée de labeur : cours de danse, papoteries de gonzesses, et puis entraînement de nouveau, spectacle et coucherie. Mon Dieu, que la vie de cette femme est vide ! Réflexe de sorbonnard, je traduis spontanément son adage en latin : Numquam in plano

« Si tu crois que je vais te laisser sortir en basket et dans cette tenue, il n’en est pas question ! J’ai mon image de marque dans mon quartier. Hop, hop, hop, tu m’enfiles ça, je t’en prie ! ». Elle avait mon apparence, celle d’un type diablement séduisant. Je n’ai pas pu résister à la familière autorité de mon ancien moi. Et je me retrouve habillé(e) d’une robe bleue Diane Von Furstenberg et chaussé(e) d’escarpins Repetto. Elle a insisté pour que j’apprenne les marques : « tu seras perdu(e) en tant que femme si tu ne maîtrises pas la typologie de la mode. » Un instant, j’ai cru m’entendre parler.

Je sors. J’ai des seins mais mon phallus a disparu. Je ne peux plus me gratter les couilles pour me rassurer. Le tissu léger de ma tenue caresse mes fesses. J’aime son doux effleurement. Je me casse la gueule. Et merde, il va falloir que j’apprenne à marcher avec ces trucs-là. Prenons l’ascenseur, c’est plus prudent. Je me regarde dans la glace. Je me trouve beau…belle ?

Il faut que je me dépêche sinon je vais être en retard pour son cours de barre : « Sois à l’heure ! Mlle Le Port est très stricte et interdit l’accès à la salle, une fois 10 heures une passées. Et j’ai vraiment besoin de m’échauffer là-bas, sinon ma journée est foutue ! »

Dans la rue, je me prépare aux sifflements et aux remarques désobligeantes des hommes. Avec mon nouveau corps, je vais créer des ravages, c’est sûr. Je m’apprête à savourer ce triomphe inconnu. Ne suis pas devenu(e) la fille du gâteau ?

Etrangement, tous les mâles croisés détournent le regard. Un peu plus, ils changeraient même de trottoir. Ils ne sont pas réveillés ce matin ou quoi ? Seules les femmes me dévisagent et me déshabillent de la tête au pied. Et quand une poussette passe, elle me fonce dessus. Je n’y comprends rien…


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