Retour dans la brume

Publié le 13 mai 2011 par Adamante

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Merci à Roger pour cette belle et troublante photo qui m'a inspiré ces mots.

Promenez-vous dans ses allées vous serez sous le charme et ses photos aiment les mots...

Il avance sur le chemin

Au loin

Dans la brume neigeuse

Le château l’attend

Il presse le pas

Au déclin du jour

Le peuple craint les fantômes

Il en a souvent souri

Mais lui aussi, à cet instant

Bien qu’il ne soit pas superstitieux

Ressent que ce soir est un soir à basculer dans les légendes.

Comme un chasseur, il perçoit une menace tapie dans l’ombre

Un sixième sens de grand voyageur

Une impression désagréable

Qui s’intensifie à chaque enjambée

Lui commande de se presser

Il hâte le pas

Il refuse de regarder derrière lui

Il ne veut pas donner corps à sa crainte

Il faut qu’il se dépêche

Pour museler cette voix de panique

Il se voit claquer des semelles devant l’entrée

Pour faire tomber la neige collée à ses bottes

Ôter sa pelisse dans le vestibule

Accueillir la toute première chaleur,

Celle qui fait si agréablement frissonner,

Et pénétrer dans la grande salle

Où la cheminée crépite pour l’accueillir.

Il se voit tendre les mains vers le feu

Avant de déguster un verre du meilleur vin de son vignoble.

La vieille bâtisse se rapproche

Il sent la menace se préciser non loin de lui

La main sur la dague qui lui a si souvent sauvé la vie

Il accélère le pas

Elle ne le rassure pas ce soir

Plus que quelques mètres

Il est tendu

Le voici devant la porte

Il perçoit un bruit non loin de là

Fébrile, il entre et verrouille derrière lui l’épaisse porte

Contre laquelle, le souffle court, il s’adosse

« Je deviens vieux » pense-t-il en enlevant ses bottes crottées

qui laissent de larges traces humides sur la pierre,

« me voici à trembler pour des chimères et craindre de me défendre … »

Il sait que demain ne sera plus jamais comme avant.

Dehors une ombre s’éloigne en suivant le chemin

Avant de disparaître dans la nuit.

Rien ne presse.

©Adamante