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Merci à Roger pour cette belle et troublante photo qui m'a inspiré ces mots.
Promenez-vous dans ses allées vous serez sous le charme et ses photos aiment les
mots...
Il avance sur le chemin
Au loin
Dans la brume neigeuse
Le château l’attend
Il presse le pas
Au déclin du jour
Le peuple craint les fantômes
Il en a souvent souri
Mais lui aussi, à cet instant
Bien qu’il ne soit pas superstitieux
Ressent que ce soir est un soir à basculer dans les légendes.
Comme un chasseur, il perçoit une menace tapie dans l’ombre
Un sixième sens de grand voyageur
Une impression désagréable
Qui s’intensifie à chaque enjambée
Lui commande de se presser
Il hâte le pas
Il refuse de regarder derrière lui
Il ne veut pas donner corps à sa crainte
Il faut qu’il se dépêche
Pour museler cette voix de panique
Il se voit claquer des semelles devant l’entrée
Pour faire tomber la neige collée à ses bottes
Ôter sa pelisse dans le vestibule
Accueillir la toute première chaleur,
Celle qui fait si agréablement frissonner,
Et pénétrer dans la grande salle
Où la cheminée crépite pour l’accueillir.
Il se voit tendre les mains vers le feu
Avant de déguster un verre du meilleur vin de son vignoble.
La vieille bâtisse se rapproche
Il sent la menace se préciser non loin de lui
La main sur la dague qui lui a si souvent sauvé la vie
Il accélère le pas
Elle ne le rassure pas ce soir
Plus que quelques mètres
Il est tendu
Le voici devant la porte
Il perçoit un bruit non loin de là
Fébrile, il entre et verrouille derrière lui l’épaisse porte
Contre laquelle, le souffle court, il s’adosse
« Je deviens vieux » pense-t-il en enlevant ses bottes crottées
qui laissent de larges traces humides sur la pierre,
« me voici à trembler pour des chimères et craindre de me défendre … »
Il sait que demain ne sera plus jamais comme avant.
Dehors une ombre s’éloigne en suivant le chemin
Avant de disparaître dans la nuit.
Rien ne presse.
©Adamante