Je me réveille avant toi, et je prends soin de ne pas te bousculer, je ne veux pas que tu te réveilles. Pas encore, pas trop vite.
Je voudrais profiter de ces quelques instants afin de me repaître de ton image, observer tes traits, étudier ce corps, ce visage qui sont les tiens, sans paraître complètement dingue… Mêrme si, de toi, je le suis déjà.
Je t’observe à la dérobée, je connais de ta peau le moindre grain.
Fragile matin.
Puis, très vite, je me dis « non ». J’aimerais que tu ouvres les yeux. Que tu les poses sur moi. J’aimerais d’un regard connaître le sort que me réserve ton coeur. Ce regard frais du matin, qui ne ment pas.
Je voudrais me défaire de cette attente qui me semble interminable, et qui inclut la somme de tous les espoirs au seuil d’une nouvelle histoire.
Ce moment, si délicat, où la réalité nous rattrape, où l’on fait face à l’autre, où l’on croit même que ce qui se joue, c’est le destin.
Fragile matin.
Quelques secondes de trêve encore, et bientôt je saurai si je n’étais pour toi que l’histoire d’une nuit….. toute en médiocrité et superficialité.
Ces petites histoires de désir que l’on cherche à assouvir. A tout prix. Avec n’importe qui…
Ces moments de bestialité pure. Même s’ils peuvent ne pas être dénués d’une certaine tendresse, de quelques câlins.
Fragile matin.
Pour l’heure, tu dors encore et le mystère reste grand. Va-tu partir en courant ?
Je me demande si je vais voir cette ombre passer, ou n’y aura-t-il rien dont il faille m’inquiéter ?
Au fond, peut-être ne dors-tu pas, que tu as simplement peur de poser les yeux sur moi et de déceler cette ombre au centre de mes pupilles.
Fragile petit matin des amoureux transis….