Les effets du dé-facebookage

Publié le 14 mai 2011 par Fossemalrockdie

Entreprendre de dé-facebooker expose à quelques manifestations déconcertantes. Qui ne ressemblent en aucun cas à des symptômes de sevrage. En tout état de cause, ce qui est arrivé à Roland et à Sophie (deux connaissances privées) lorsqu'ils ont décidé de faire les morts sur Facebook n'avaient rien de commun avec ce que des experts ont recensé.

Roland et Sophie s'étaient préparés à des effets connus et patatras.

D'autant que l'un et l'autre avaient une idée trop précise du temps qu'il consacrait à leurs amis virtuels.

Roland et Sophie ont choisi de bien prendre l'expérience, dont ils attendaient de vraies souffrances.

Roland ayant prévu d'occuper sa nouvelle liberté, il s'est inventé de multiples passions.

Sophie n'a pas procédé autrement.

Au début de cette cure purement expérimentale, Roland, qui croyait s'abîmer dans les parties de pêche et de pétanque, n'en a rien fait; Sophie, qui s'imaginait se vouer à la broderie et au badminton, en ignore encore tout.

Roland a glandouillé.

Sophie a traîné la savate.

Non, leurs amis Facebook ne leur manquaient pas.

Roland ne songeait pas à commenter.

Sophie non plus.

Roland et Sophie avaient oublié leur quotidien d'hier.

Comme si leur train-train n'avait jamais existé.

D'ailleurs, si vous évoquiez avec eux leurs anciennes habitudes, ils faisaient des yeux de merlan frit.

Vous pouviez aussi leur demander s'ils allaient bien, ils restaient bouche bée.

Apparemment pourtant, Roland et Sophie étaient toujours Roland et Sophie.

Point pour point.

Vous inventiez des questions plus toniques.

"Alors, Roland, toujours aux fraises ?".

"Alors, Sophie, toujours à la ramasse ?".

Rien.

Il ne se passait rien.

Sinon les expressions suscitées que l'on peut résumer à un étonnement permanent.

Le contact était rompu.

Et ils étaient mous.

Avec deux ou trois potes, on les a postés devant le clavier.

La récupération a été instantanée.

Ni Roland, ni Sophie n'ont gardé de souvenir de leur expérience.

Tant mieux.