DOSSIER: La société camerounaise à la dérive -1-
Publié le 15 mai 2011 par Podcastjournal @Podcast_Journal
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Lorsque le président Paul BIYA accède au pouvoir au Cameroun le 6 novembre 1982 à la suite de la démission surprise de son prédécesseur Ahmadou AHIDJO, il trouve un Cameroun relativement en bonne santé économique et sociale car le pays avait jusque là échappé à la crise économique qui sévissait dans le monde depuis les chocs pétroliers de 1973 et de 1979-1980. Mais 5 ans après son arrivée au pouvoir, le nouveau président annonce en 1987 lors d’une interview accordée à la radiotélévision nationale que la crise était déjà au Cameroun. Le chef de l’Etat annonçait dans la même interview que le Cameroun avait les moyens pour juguler la crise sans solliciter l’aide des bailleurs de fonds et plus particulièrement des institutions de Bretton Woods. Pourtant, les faits vont lui imposer un démenti cinglant car dès le début des années 90, c’est pratiquement mains et pieds liés que le Cameroun va être livré au Fonds Monétaire International (FMI) pour subir sa thérapie de choc dans le cadre du Plan d’Ajustement Structurel (PAS).
Sous les injections du FMI, les privatisations des entreprises publiques vont se multiplier. Dans la plupart des cas, ce sont les sociétés multinationales occidentales qui vont arracher ces entreprises à la manière des oiseaux de proie avec comme conséquence immédiate les licenciements massifs d’où l’extension du chômage. Dans la fonction publique, les recrutements sont suspendus avec la suppression des concours administratifs et beaucoup de fonctionnaires sont même déflatés c’est-à-dire perdent leurs postes. Pour réduire le train de vie de l’Etat, le FMI impose le désengagement de l’Etat des secteurs sociaux et surtout, on va assister en 1993 à 2 baisses drastiques des salaires dans la fonction publique, l’une en janvier et l’autre en novembre soit au total une baisse de 70% des salaires des fonctionnaires. C’était du jamais vu dans aucun pays du monde. Dans le monde rural, la restructuration des filières cacao et café qui comptaient parmi les principaux produits d’exportation du pays va entraîner un véritable marasme dans le monde paysan et beaucoup de planteurs vont abandonner leurs plantations et leurs villages pour migrer massivement vers les villes et y retrouver les citadins qui n’étaient pas déjà mieux lotis. Toutes ces mesures et bien d’autres vont transformer la crise économique en une crise sociale aux effets et aux conséquences redoutables.
Avec le début de la crise économique avec comme corollaires les licenciements massifs et la réduction du train de vie de l’Etat, on va assister à l’extension du chômage car beaucoup de jeunes camerounais sortis des institutions scolaires et universitaires ne vont plus trouver de travail ni dans le secteur privé, ni dans le secteur public. Pour ceux des Camerounais qui continuaient à travailler, la paupérisation était à l’ordre du jour avec les salaires de misère des fonctionnaires. Les travailleurs du secteur privé n’étaient pas mieux lotis car dans le cadre de la libéralisation à marche forcée imposée par le FMI, l’Etat devait fermer les yeux sur le traitement des ouvriers travaillant dans les entreprises privées. Les Camerounais appauvris, sans emploi ou mal payés vont commencer à se débrouiller n’importe comment pour joindre les deux bouts.
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