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La nuit et les lumières

Publié le 16 mai 2011 par Adamante

LES CROQUEURS DE MOTS

Défi 55  l'obscurité

Piloté par Tricôtine

 

Aigle visage copie

Les lumières de Paris, au loin, que j’aperçois de ma fenêtre, un monde à la fois si proche et si lointain.

Ce Paris qui se dit comme autant de souvenirs de gens qui ne sont plus, qui en ont fait les nuits, artistes, écrivains, noctambules éclairés, tous d’un certain niveau social et de culture.

C’est comme un souvenir un peu flou, celui d’une vie passée, effacée, mais dont la racine n’est pas tout à fait morte et qui me relie.

Je suis dans le noir.

C’est ainsi que je pourrais qualifier tous ces sentiments antagonistes qui font ce que je suis dans cette vie éloignée de tout ce qui « fait » le monde. Ce que j’aimerais et qu’au fond, je ne veux pas.

Au fond, j’aime bien cette nuit volontaire, ce retrait de l’éclairage des hommes et de l’intelligentsia culturelle.

Je sais avoir conscience de l’inutilité de cette vie qui s’agite autour de ce monde, lequel s’enroule sur lui-même et se pense éclairé.

Bien sûr qu’il est éclairé, intellectuellement, au monde des idées, il est lumière.

Mais au monde du monde, au monde de la vibration, cette lumière de l’esprit qui pense, analyse et se dit, tout en se refusant parfois, par crainte de ne plus pouvoir revenir à l’abstraction, qui seule permet la libération totale de l’être profond qui sommeille en chacun de nous, cette lumière m’apparaît fade et superficielle.

La profondeur de la nuit, cette absence de clarté artificielle peut parfois sembler lourde, porteuse de brefs moments de frustration.

Il est si grisant d’être au centre, reconnue, admirée, adulée, pour se retrouver plus seule que jamais quand la porte se ferme derrière soi, quand les projecteurs s’éteignent.

Je le sais cela n’est que mort et m’apparaît plus stérile que le dépouillement qui est la vraie richesse.

Je pense à ceux qui gisent dans ces cimetières, qui furent de grands noms auréolés de gloire et de notoriété et je ressens vivement ce qu’est la solitude, celle du piédestal.

Je lui préfère ma nuit, sans lumière, à tâtons, hésitante parfois mais guidée par la confiance.

Je sais d’expérience qu’aucune lumière du monde ne pourra m’offrir ce qu’elle m’offre.

 

©Adamante

 


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