Je suis une femme, donc, je suis :
mauvaise, méchante, rancunière, ragoteuse, radoteuse (aussi), fausse, chiffonnière, malhonnête, hystérique, sans morale, vicieuse, envieuse, jalouse, fière, arrogante, menteuse... Ajoutez tous les adjectifs que vous voulez.
Alors c'est normal que je reçoive des mails insultants. Ouais. Bon, j'avoue que ça fait mal de lire des trucs pareils des fois. Mais tant pis, y'en a que ça soulage visiblement.
Je dirais juste à la personne qui a pris un email jetable pour m'envoyer sa haine anonyme à la figure que :
Je ne méprise personne parce que j'ai publié un bouquin. Je n'ai PAS publié de bouquin. Oui, c'est imminent, une question de jours, là à l'heure où j'écris ses lignes. Mais pour l'instant je n'ai PAS publié de livre "payant". De plus, je vous l'annonce : ça ne sera pas dans une maison d'édition. Malgré les conseils des uns et des autres, l'éditeur, je n'ai même pas tenté le coup. Il y a toujours une sorte de vertige juste avant de sauter. Et moi, le vertige m'a toujours fait reculer. Ramassez-vous des pelles comme j'en ai eu et vous verrez, qu'au final, ça fait du bien d'avoir le choix de ne pas se faire jeter.
Je ne suis pas écrivain/auteur. J'aspire à vivre de mon écriture et donc je m'efforce de créer un environnement qui me le permette : je n'abuse pas mon homme puisqu'il voit bien que je TRAVAILLE. Ce n'est pas encore rémunéré, mais un jour j'espère, ça paiera (au moins un resto pour son anniversaire par exemple). Lui voit le boulot que j'abats et qui ne transparaît pas sur ce blog, parce que ce blog, c'est pas mon travail. C'est un des outils. Je ne suis pas naïve : pour me faire connaître et vendre mes livres (surtout si je ne suis jamais publiée à compte d'éditeur) il me faut une vitrine où vendre, où parler de ce que je fais. Et mine de rien, 3000 visiteurs par mois, c'est toujours ça de pris !
J'ai la plume facile, j'ai jamais eu l'impression de dénigrer qui que ce soit (bon à part Houellebecq peut-être... mais j'ai quand même tenu jusqu'au milieu des Particules élémentaires avant de lâcher... et je m'étais enfilée ses poésies, Extension et Plateforme AVANT !), je suis quelqu'un qui n'aime pas le conflit et qui m'accorde avec pas mal de monde. Tant qu'on est content et qu'on ne se moque pas des autres, je cherche des noises à personne. Chacun pense et fait ce qui lui plait, tant que c'est respectueux de tous.
Alors à toi, insulteur/euse (je ne sais pas pourquoi, j'ai vraiment l'impression qu'il s'agissait d'une femme...) anonymement caché derrière la barrière de ton écran, sache que je me fiche complètement de ta sensibilité heurtée par mes propos. Peut-être es-tu la même personne que celle qui a voulu bêta-lire Fugues en m'annonçant dédaigneusement que c'était juste pour me voler et me piquer ma gloire... (la gloire, wouha ! ben si j'avais ça au moins !
)Peut-être es-tu un écrivain maudit dont les maisons d'édition refusent obstinément de reconnaître le talent depuis 20 ans et tu prends ombrage de mes petits écrits qui démontre l'arrogance de la jeunesse (oh mon Dieu, si tu savais que trois jours après mes 29 ans, deux personnes m'ont soutenu que je ne devais pas avoir plus de 20 ans - l'un d'eux m'affirmant que les moins de 18ans ne payait pas... et j'ai proposé à la seconde de lui montrer ma carte d'identité ! Ils avaient sans doute pas les yeux en face des trous, mais c'est toujours flatteur)
Peut-être pas... Bon, je suppose que ça fait parti des trucs inévitables comme les commentaires sur les pilules de viagra ou les prêts pas cher, les demandes de partenariat de site qui cherchent des Sites de Jeux en ligne pour échanges de liens (j'ai bien ri à ce mail-là... elle a bien lu mon blog celle-là !).
Allez, dans un sursaut de mon orgueil blessé (t'inquiète, dès que j'aurai fini d'écrire ses lignes, j'aurai oublié tout ça. J'ai déjà effacé ton email d'ailleurs), je vais enfoncer les portes ouvertes que tu m'ouvres pour m'attirer chez toi et m'y enfermer dans un piège. M'en fiche, parce qu'une fois que j'aurai fermé les yeux ce soir, le sommeil effacera tout et dans un élan de vaniteuse (je crois pas l'avoir dit, mais je suis une femme, donc...) je vais te balancer ça :
J'ai pas trente ans et j'ai déjà fait plus d'une dizaine de métiers (plus ou moins légalement, mais c'est le cas de tout le monde), j'ai tout fait de la petite employée de maison bien sage à la gestion d'entreprise, en passant par l'expérience profession libérale, j'ai été guide, j'ai été prof, j'ai été baby-sitter, j'ai été webmaster, graphiste, j'ai été animatrice... J'en oublie certainement ! Ca me donne une expérience de pas mal de chose. J'ai eu des amis, j'en ai gagné, j'en ai perdu. Je me suis fâchée à mort, je suis tombée amoureuse, j'ai eu des peines de coeurs, des sursauts de dignité quand on m'utilisait. J'ai fréquenté des gens bien et moins bien, des SDF, des journalistes, des univeristaires, des gens dans la com', des chanteurs d'opéra, des conservateurs de musée, des guides, des musiciens classiques ou non, j'ai remis un journaliste du Monde à sa place (bon, j'étais bête, j'avais 18ans et je devais être en tord, mais devant mon aplomb, il a rien dit), des conférenciers, des gens qui sont allés au bout du monde, des nobles, des bourgeoises, une fille de ministre (pimbêche) et un prince même (un petit con... mais peut-être que le temps l'a changé - enfin tout le monde ne peut pas dire : j'ai deux ennemis mortels dans ce monde dont l'un est prince et c'est un beau connard !) J'ai eu trois gamins, vécu 4 ou 5 grossesses sans parfois aller jusqu'au bout avec tout ce que cela implique, j'ai eu des rages, j'ai eu des peines, j'ai fait deux dépressions, je suis cyclothymique, émotivement très sensible, timide à crever, instable, j'ai le vertige, le vrai celui qui vous prend debout sur une simple chaise, je suis allergique aux plumes, à quelques pollens, à la glycérine et à un dérivé du Maalox, j'ai fait un paralysie de Bell et j'ai peur que ça revienne dès que je me regarde dans la glace, j'ai certainement du cholestérol, j'en ai toujours eu, j'ai jamais eu l'appendicite, je me suis jamais rien cassé à part quelques ongles, j'aime pas le sport sauf le vélo et la natation, et je suis ressortie de ma dernière grossesse avec l'impression que je pouvais ENFIN penser à moi. Egoïstement.
Vas-y, je t'ai donné pas mal de truc pour me taper dessus ! Ce qui fait le BON écrivain, écris-tu, je ne l'ai pas. Mais qu'en sais-tu ? En tout cas, j'ai l'expérience de ma vie et elle est assez riche pour nourrir mes écrits. Qu'il ne te plaise pas, je m'en fiche. Parce qu'au final, tu ne connais pas mes écrits. Ce que tu as pu lire de moi, jusqu'ici, c'est rien à côté de ce que j'écris. Les personnes qui ont VRAIMENT lu ce que j'écrivais, c'est-à-dire mes romans, elles sont pas nombreuses et je les connais. Petit surcroît de dignité : je n'écris pas pour égayer les gens, j'écris pour expliquer ma vision du monde aux autres. Oui, le monde est injuste, oui, il est cruel. Mais il est humain tout simplement. Ni blanc, ni noir, ni gris d'ailleurs. Moi, je vois le monde comme un tableau de Maurice Denis. Coulant doucement dans une harmonie colorée. Peu importe la scène, on en revient toujours à la même chose : passion, bagarre, crime... pour finir dans une fin d'après-midi chaude, à la lumière déclinante mais dorée qui finit par faire que, au fond, tout ça... ça n'a pas d'importance. Tant que les ombres bleues restent chaudes.