On est sonné quand même !
Publié le 17 mai 2011 par CkankonvaouStances de PsychéQue nos plaisirs passés augmentent nos supplices !Qu'il est dur d'éprouver après tant de délicesLes cruautés du sort !Fallait-il être heureuse avant qu'être coupable ?Et si de me haïr, Amour, tu fus capable,Pourquoi m'aimer d'abord ?Que ne punissais-tu mon crime par avance ?Il est bien temps d'ôter à mes yeux ta présenceQuand tu luis dans mon coeur !Encor si j'ignorais la moitié de tes charmes !Mais je les ai tous vu : j'ai vu toutes les armesQui te rendent vainqueur.J'ai vu la beauté même et les grâces dormantes :Un doux ressouvenir de cent choses charmantesMe suit dans les déserts.L'image de ces biens rend mes maux cent fois pires ;Ma mémoire me dit : "Quoi ! Psyché, tu respires,Après ce que tu perds ?"Cependant il faut vivre : Amour m'a fait défenseD'attenter sur des jours qu'il tient en sa puissance,Tout malheureux qu'ils sont.Le cruel veut, hélas ; que mes mains soient captives ;Je n'ose me soustraire aux peines excessivesQue mes remords me font.C'est ainsi qu'en un bois Psyché contait aux arbresSa douleur, dont l'excès faisait fendre les marbres,Habitant de ces lieux.Rochers, qui l'écoutiez avec quelque tendresse,Souvenez-vous des pleurs qu'au fort de sa tristesseOnt versé ses beaux yeux.Jean de La Fontaine1621-1695