Dépaysement

Publié le 18 mai 2011 par Cameron

J’ai le mal du pays. J’y pensais dans mon bus matinal (le premier des deux, parce que dans le second, en fait, je ne pense rien), j’ai le mal du pays. Au point de trouver haïssable tout rappel de ce dernier, et absolument imposés les menus particularismes urbains d’ici. En même temps, je le savais, que je vivrai loin de Paris comme en exil. Rien à voir avec un certain snobisme anti-provincial, tout à voir avec les odeurs, et le flux, et la beauté d’une ville dressée contre ses rives en proclamation de tranquille existence. La vie, ici, est riche. D’événements désagréables tout autant que sympathiques. Mais elle n’a pas le poids consistant du béton ni du bitume, elle n’est que dérivations incessamment transformées, fluctuations permanentes qui lui nient toute solidité. Et où s’ancre-ton, alors ? Dans ces fameuses montagnes, lointaines, troublées à la périphérie du regard ? La nature n’est pas support de soi, jamais. C’est au sol, au sol fabriqué, qu’il faut visser ses traces, mais ici, dans la mouvance de l’incertitude, peine perdue à tous nos efforts d’existence. Se penser contre la ville est une aberration, un acte de survie presque antinomique. J’ai le mal du pays.