Les bonheurs du jour dans mon jardin tranquille... (chronique parue dans le 7mag)

Publié le 20 mai 2011 par Anaïs Valente

J'ai un jardin tranquille.  Enfin une terrasse, mais jardin, ça sonne bien (et ça fait des rimes).  Alors, j'ai un jardin tranquille.

Tranquille... ?

Pas toujours.

Tranquille, sauf quand une nuée d'abeilles en folie décide de s'installer dans mon nouveau HLM pour insectes.  Et l'invasion est telle que je décide de le déménager.  Mais les abeilles, ben c'est bête, passqu'elles continuent à chercher leur HLM à son ancien emplacement.  J'en ai même une qui rôde sans cesse, faisant des va-et-vient permanents et des bzzzzz bzzzzz à n'en plus finir.  Nerveuse, qu'elle est.  Alors je rapporte le HLM, j'attends qu'elle s'y installe, puis je le déménage à nouveau au fond, avec la miss Maya inside.  Sauf que la miss ressort, vu qu'apparemment ça se passe comme ça, un déménagement en HLM pour insectes, à grands coups d'allers-retours entre le nouveau domicile et un endroit inconnu.  Doivent avoir beaucoup de mobiliers, les abeilles.  Et comme j'ai bougé son logement, avec elle inside, quand elle repart puis revient, elle a pas le sens de l'orientation, elle repart à l'ancien endroit, et recommence ses bzzzzzz bzzzzzz.  J'abandonne la lutte, elle a qu'à prendre une carte et retrouver son logement.  Mais je me culpabilise, passque ben moi, si je rentrais un jour et que mon logement avait migré à 200 mètres, pas sûre que je le retrouverais...  

Tranquille, sauf quand un chtit gaminou se met à appeler son paternel, d'abord tout doucement, puis de plus en plus fort, de façon incessante, de façon aigue (dingue comme les jeunes enfants ont une voix criarde), de façon répétée, genre à plus de 100 db.  Moi quand j'étais môme, on m'avait appris, si j'avais quelque chose à dire, à me rendre auprès de l'adulte, et pas à hurler comme un goret prêt à être égorgé.  Il hurle tant que j'en viens à me demander s'il s'est pas tranché le pied avec un sécateur, des fois que mon manque de réaction serait assimilé à de la non-assistance à personne en danger.  Finalement, les cris se tarrissent, le paternel apparaît, en même temps que le silence...  

Tranquille, sauf quand une famille d'oiseaux raconte sa vie durant tout l'après-midi.  Dingue que de tels cris stridents puissent sortir de si petits corps, non ?  Et dingue, tout ce qu'ils ont à se raconter, ces volatiles.  Parfois, le ton monte, ça crie à qui mieux mieux, puis ça se poursuit dans les branchages, puis ça se tait pour mieux reprendre son souffle et piailler encore et encore...  

Tranquille, sauf quand un avion joue au con.  Je ne le vois pas, mais je l'entends.  Le bruit s'intensifie, au point qu'on le dirait prêt à tomber.  Ma phobie des zoizeaux de métal s'étend même sur le plancher des vaches...  Et ça dure et ça dure, toujours sans que je le voie.  Ça me fout une trouille de malade.  Parfois, ce n'est pas un gros avion, mais un tout chtit, genre touristique, et ça j'aime, son bourdonnement me rappelle les étés de mon enfance...  

Tranquille, sauf quand la musique envahit les jardins.  Si j'aime, j'aime.  Mais si j'aime pas, ben j'aime pas.  Et vu qu'en matière de musique, tous les goûts sont dans la nature, pas facile de toujours aimer ce que le voisinage inflige.  Et vive les boules Quiès.   

Tranquille, sauf lorsque les tondeuses se mettent au taf.  Etonnamment, voilà une briseuse de tranquillité que j'aime d'amour, passqu'avec elle vient ensuite l'odeur de l'herbe coupée.  Et ça, c'est du bonheur à l'état pur, ma bonne Dame. 

Tranquille ?

Oui, tranquille, malgré quelques tout petits riquiquis inconvénients quoi.  Et le jour où ces inconvénients me sembleront insurmontables, ben j'irai sur mon île déserte, tiens.

Et dans mon jardin tranquille, j'ai repéré deux bonheurs du jour :

Une fleur de nénuphar, après trois ans d'absence because le gel qui avait tué le prédécesseur... le petit nouveau, deux ans au compteur, m'offre ce joli cadeau.

Une future petite dégustation de fraises...