Magazine Journal intime

A night with Fyfe – 2 ans plus tard (3)

Publié le 20 mai 2011 par Fyfe
Nous avions donc laissé le Crampon dans son lit, en pyjama, dents vaguement brossées, et histoire lue. Et une Fyfe déjà épuisée par les efforts déployés pour en arriver là.
Allumage de veilleuse, lancement de la musique spéciale dodo en sourdine, bisous, et tentative de sortie de chambre de Fyfe (qui ne tente rien n'a rien).
Le Crampon est debout sur son lit et hurle « MAMAAAAAN » avec l'air outré de l'enfant qui se fait abandonner sur le bord de l'autoroute un samedi de chassé -croisé estival.
Fyfe revient, explique au Crampon que tout va bien, papa-et-maman-sont-là-ils-veillent-sur-toi-blablabla.
Le Crampon a l'air aussi convaincu que sa mère devant un discours de $arkozy.
Bon bon bon.
Fyfe s'allonge sur le sol au pied du lit du Crampon.
Il s’apaise, et semble chercher le sommeil.
Au bout de 5 minutes, le Crampon ne bouge plus.
Fyfe tente une sortie, mais doit s'immobiliser à mi-parcours car le Crampon est à nouveau debout sur son lit, tremblant de rage (sa propre mère a OSE SORTIR REPRENDRE LE COURS DE SA VIE).
Cette haute trahison rend le Crampon méfiant. Il accepte de se recoucher mais relève la tête toutes les 2 minutes pour vérifier que son indigne mère n'a pas bougé du parquet.
Discrètement, Fyfe a dégainé son téléphone. En conditions de survie l'être humain sait en effet développer d'étonnantes stratégies d'adaptation (à base de Twitter et Facebook).
30 minutes plus tard, Fyfe pense que l'affaire est gagnée. Et surtout, elle est super  à jour sur les réseaux sociaux, commence à se faire royalement ch..., son dos lui fait mal et put*£$ de b$£§ de m$£*d, le premier épisode de Dr House doit déjà être fini.
Elle entame un roulé-boulé sur le tapis en direction de la sortie, en alternance avec une technique de déplacement en rampant qu'elle a vu dans un reportage sur les commandos.
Sa concentration est au maximum, il s'agit d'éviter légos, voitures, et divers objets de nature bruyante ou contondante.
Une pensée sur l'opportunité d'inclure le coucher du Crampon aux stages commandos l'effleure, Fyfe se promet d'y repenser plus tard, une fois la zone libre atteinte.
Il est 22h, Fyfe a passé avec succès la ligne de démarcation. Après une cigarette bien méritée sur le balcon, elle s'affale dans le canapé.
Dr House propose un diagnostic, mais Fyfe ne sait pas si c'est le début ou la fin de l'épisode, donc impossible de savoir si c'est sa première erreur, sa seconde, ou si c'est le bon.
Alors qu'elle se tourne vers M. PG pour lui demander un résumé, Fyfe voit que le doudou du Crampon dépasse de la porte du salon.
Gnééé ?
Le doudou bouge.
Haussage du sourcil droit. (Je ne sais toujours pas hausser le gauche de manière isolée).
Fyfe en appelle aux forces supérieures de la maternitude, à l'amour (supposé) inconditionnel d'une mère pour son enfant, et aux techniques les plus pointues de respiration par le ventre pour ne pas hurler à la mort en découvrant que le Crampon s'est installé sur le parquet, dans le couloir, pour continuer sa nuit plus près de ses parents.
« Crampon qu'est ce que tu fais là ? Retourne au lit immédiatement ! »
Le Crampon sanglote : « Non pas dodo, pas dodoooooooooo, siteuplaît mamaaaaaaaan »
Comme quoi le Crampon sait être poli quand il veut.
Cette pensée ne suffit pas à réjouir Fyfe, qui raccompagne le Crampon dans son lit.
Cette fois, Fyfe s'endort sur le parquet avant le Crampon.
C'est une douleur aigüe dans le dos qui la réveille. (Fyfe s'est toujours refusé à installer un matelas aux pieds du lit du Crampon. Question de symbole. Mais à ce moment précis, Fyfe emmerde les symboles et se trouve bien conne avec ses principes).
Fyfe a perdu la notion de l'heure, mais le Crampon a l'air de dormir. Elle en profite pour sortir, et rejoindre M. PG déjà couché, en pensant que décidément, ses soirées sont formidables, sa vie est formidable, et ses compétences de mère sont formidables. Mais Fyfe est trop fatiguée pour s'apitoyer sur son sort, elle s'endort dans les 5 secondes.
Un cri déchire la nuit.
Fyfe trouve que la nuit a été bien courte. Elle essaye d'ouvrir suffisamment les yeux pour vérifier l'heure.
Ah.
Il est minuit.
Ceci explique cela.
Fyfe SAIT que pour que le Crampon se rendorme vite, il faut aller le rassurer vite, avant qu'il ne se réveille complètement et réclame de jouer avec la pâte à modeler.
En même temps, M. PG le sait aussi, alors qu'il se démerde, chacun son tour.
Fyfe referme les yeux, non sans avoir donné un grand coup de coude à M. PG pour l'aider à se réveiller.
5 minutes plus tard, le Crampon ne crie plus. Fyfe s'étonne de ne pas avoir entendu M. PG se lever.
Normal, il est toujours là.
Il n'échappe pas au cerveau engourdi de Fyfe que c'est une équation impossible.
En tendant l'oreille, elle en a la confirmation. Le Crampon est manifestement occupé à jouer à jeter des légos par terre.
Très bien. Excellente idée. Tant qu'il reste dans sa chambre et se tait, c'est une activité qui convient parfaitement aux principes éducationnels de Fyfe.
Malheureusement, le Crampon se fatigue vite de son entraînement olympique au lancer de jouets.
Fyfe tend à nouveau l'oreille :
Petit pas – petit pas – petit pas
Bruissement de couette
« TU VIENS MAMAN ON VA JOUER »
Le Crampon est assis sur la tête de Fyfe.
Fyfe a perdu 5 dixièmes d'acuité auditive.
M. PG grogne et se retourne.
Fyfe se demande combien elle prendrait de prison pour une éviscération de conjoint. Tout dépend de la probabilité que le jury ait des enfants dormeurs ou pas, c'est clair.
Fyfe essaye d'arrêter d'imaginer les tortures qu'elle voudrait infliger à M. PG (tranquillement occupé à ronfloter) et essaye de se rendormir en ignorant le Crampon (tranquillement occupé à escalader ses parents et à raconter sa vie), non sans avoir violemment relevé son genou sur le côté, en espérant frapper au passage une partie – si possible sensible – de l'anatomie de M. PG.
Quand Fyfe rouvre les yeux, il est 4h.
M. PG est debout, et semble embarrassé.
Il semblerait qu'en se levant pour aller aux toilettes, il ait buté sur un Crampon endormi sur le parquet, au pied du lit parental.
Deux options s'offrent à lui.
Assumer être un père indigne, contourner le Crampon, et revenir se coucher discretos Carlos, ou tenter un transfert de Crampon dans son lit, au risque de réveiller la bête.
Alors qu'il tourne un regard interrogatif vers Fyfe, le regard qui lui parvient en retour l'incite sans équivoque à garder sa question pour lui et à gérer tout seul the situation. (à comprendre dans le sens utilisé par Jack Bauer quand il appelle le président pour lui dire « we have a situation here », un peu avant le lancement d'une WWIII, quoi).
M. PG est étonné de constater qu'après 7 ans d'amour, leur complicité est telle qu'un seul regard leur suffit pour se comprendre. C'est beau l'amour.
Bien sûr, le fait que le message à comprendre consiste peu ou prou en une menace de mort vient un peu atténuer ce sentiment nuitamment romantique.
Audacieux, M. PG choisit de ramener délicatement le Crampon dans son lit.
Dans le noir.
Cela fonctionne bien, jusqu'à ce qu'il l'assomme contre un encadrement de porte.
Grave erreur de jugement. C'était soit trop fort, soit pas assez. Là, le Crampon est réveillé à point pour repartir pour un tour.
Pour Fyfe, le reste de la nuit est rythmé par les entrées de M. PG dans la chambre, suivies de peu par les cris du Crampon, et le départ précipité de M. PG.
Quand les réveils sonnent, le matin, l'ambiance n'est pas franchement à la Ricorée dans le camp des parents.
Côté Crampon en revanche, c'est un festival de mignonerie.
A croire qu'il aurait quelque chose à se faire pardonner.

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