Récit d’un séjour à Athènes – Episode 4
A chaque fois que je visite un lieu, je ne peux m’empêcher d’imaginer quelle serait ma vie si je décidais d’y vivre. Je sais, cela peut paraître ridicule : un peu comme si dès la première nuit avec un homme je me mettais à penser à quoi pourrait ressembler la vie avec lui (on me glisse dans l’oreillette que c’est précisément ce que je fais).
Alors bien sûr, cela ne veut pas dire que je vais émigrer vers cette contrée qui s’offre à moi le temps d’un w-e, d’une semaine ou plus : parfois je fantasme sur le quotidien qui serait le mien si j’y habitais, bien que je ne veuille absolument pas de cette vie-là (peut-on glisser cette information dans l’oreillette des hommes qui croiseraient ma route ? Merci !).
Ainsi en est-il d’Hydra. Il y fait calme : aucune voiture, ni véhicule d’aucune sorte, ne circule sur l’île. On n’entend que les flots de la mer qui l’entoure, quelques cris d’enfants qui jouent, quelques poules…
Toutes les maisons sont construites sur ses pentes escarpées. Je suis montée assez haut pour avoir une vue sur la presque totalité du village principal où je loge. Je me suis installée sur les marches d’une maison de pierres en ruines, et j’ai écrit. Un homme d’un certain âge est passé près de moi, au retour de ses courses, et nous avons échangé quelques politesses.
En redescendant, j’ai croisé un autre homme, plus âgé que le premier, portant lui aussi ses commissions. Il peinait dans les escaliers qui forment les rues de l’île…
C’est à ce moment-là que j’ai essayé de me visualiser vivant ici, ma maison, les occupations que je pourrais me trouver, mes courses six ou sept étages plus bas, la remontée, les années qui passent et qui rendraient cela plus pénible, la solitude qui serait peut-être la mienne, ou alors la tribu autour de moi, après mes noces avec un pêcheur local qui m’aura fait sept enfants…
C’est précisément le genre de fantasme dont on ne désire pas qu’il se réalise…
Les îliens sont gentils, la vie y semble tranquille, en tout-cas en-dehors de la période touristique… Ce que j’ai vu surtout c’est l’ennui pour l’urbaine que je suis, l’absence d’une vie sociale trépidante comme seules les capitales, ou autres métropoles, peuvent offrir, la vie culturelle, les projets communautaires.
Hydra, si c’était un homme, serait l’ami (bien gentil, peut-être même beau) d’anciens compagnons de classe que je croiserais au hasard d’un dîner mais que je ne regarderais pas….
Par contre, j’ai rendu son sourire au pêcheur croisé sur la jetée, quelques instants avant le coucher du soleil…
Hydra, 2 avril 2011