Je reviens de ma dernière visite quotidienne chez Bernadette. Benjamin revient demain.
Plusieurs fois, durant ces deux semaines où j’ai passé du temps quotidiennement avec elle, elle m’a lancé des «Tu fais ça comme Benjamin !» en riant, que ce soit au niveau alimentaire, vaisselle, ou d’autres petits détails anodins de la vie courante.
Ce soir, quand elle me l’a encore dit, je l’ai regardée et lui ai dit :
- Bon bon, j’fais encore mon Benjamin, là !!! avec les poings sur les hanches, l’air faussement outré et rieur.
Elle a éclaté de rire.
- Tu n’as pas remarqué qu’on se ressemble, Benjamin et moi ?! ai-je continué, plus sérieuse.
Elle a mis le nez dans son assiette, semblant surprise, et a répondu :
- Mouinnn…
- On se ressemble beaucoup…, ai-je clôt le sujet.
J’ai vu passer une lueur de souci dans ses yeux. Je n’aurais pas dû lui dire ça, ai-je pensé ensuite, pour ne pas lui mettre la puce à l’oreille. C’était fait, tanpis.
Pendant qu’elle était malade, dernièrement, très malade – on a cru qu’elle ne reviendrait pas -, j’ai agi avec elle comme son mari le fait, soit sans la laisser tomber dans la victimite. Un moment donné, j’ai dit à Bernadette qu’elle allait devoir supporter un deuxième Benjamin avec moi ! Elle a ri, elle aime ça…
Plusieurs autres situations sont arrivées dans les derniers mois où se se disait qu’on est pareils à propos de bien des points. C’est ce qui rend notre complicité d’autant plus agréable et précieuse : Benjamin et moi nous ressemblons beaucoup. Un regard, un sourire, une grimace et on se comprend.
On aime chanter et danser. Bernadette n’aime pas.
On aime les mêmes légumes et fruits… que Bernadette n’aime pas.
On aime écrire. Bernadette ne s’y intéresse pas.
On aime la nature et on la respecte profondément. Bernadette…
Etc…
C’est si simple….
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