Je me réveille le dimanche matin dans un état de nouveau un peu souffrant. En fait, c’est le secret que je trouve lourd à porter, qui me pèse.
La pensée de cette situation triangulaire m’insupporte. Je ne vois que deux solutions : partir loin un temps ou/et me trouver un amant rapidement, avant que Benjamin ne revienne du Nord. Mais pourquoi c’est moi qui devrait partir ? Pourquoi les choses ne pourraient-elles pas aller dans un sens positif pour moi cette fois ?!
La pression est trop forte et les larmes explosent alors que je suis sous la douche. J’ai besoin de me nettoyer de ce secret que je sens trop lourd pour moi. Les larmes coulent et m’apaisent pendant que l’eau coule sur mon corps. Les émotions dérangeantes se dissolvent doucement.
Amélie, une bonne amie, vient chez moi. Je ne peux rien lui dire. Elle connait bien Benjamin et Bernadette et je ne veux pas la mettre dans ce secret car elle est trop proche d’eux, même si je le suis plus d’elle.
J’ai besoin d’en parler avec quelqu’un mais qui soit très loin. Je pense alors à ma meilleure amie, celle partie de l’autre côté de l’Atlantique, Anne. Je lui envoie un petit message lui demandant un téléphone bientôt…
Bernadette m’a dit au téléphone de ne pas venir la voir aujourd’hui, qu’elle veut se débrouiller seule. Je profite donc de la journée avec Amélie pour aller faire des commissions et nous rentrons en fin de journée. Un message sur le répondeur m’annonce que Bernadette s’ennuie. J’irai la voir demain comme prévu… et tous les autres jours des deux semaines à venir.
Je me sens finalement de plus en plus recentrée, présente à moi-même, et de plus en détachée de Benjamin, au fur et à mesure que la journée passe. Sauf au magasin où, sans crier gare, une énergie puissante m’envahit et me réchauffe, me parlant de Benjamin, comme s’il m’envoyait une bouffée d’amour. Cela dure quelques minutes puis se calme et se dissout. Surprenant…
Je sens que le chemin que Benjamin me fait faire malgré lui est d’accueillir et d’accepter l’amour, que ce soit de lui ou un autre. Qu’après Georges, inaccessible et indisponible, inauthentique et distant, je partage des sentiments déclarés avec un homme authentique et vrai, intègre et généreux, avec qui je vis une complicité très précieuse.
Chaque personne qui partage notre vie est là pour nous faire avancer aussi c’est un immense merci à la vie de m’avoir mis ces deux hommes sur mon chemin, sur lequel je fais des pas de géante magnifiques.
Je me sens bien même si cet amour remplit mon cœur et a envie de déborder et que je dois le contenir ! Je me sens beaucoup plus connectée à moi – et non à l’autre – et plus lucide que lorsque j’ai fait mon transfert amoureux avec Georges l’hiver dernier. De grands pas ont été faits vers l’amour de moi-même et j’ai de la gratitude envers… moi !
Je pense souvent au fait de partir ou me trouver un amant rapidement puisque la relation avec Benjamin est invivable, dans tous les sens du terme.
Une amie m’appelle en fin de journée. Je sais qu’elle a des connections pour des contrats loin d’où je vis, pour quelques mois. Elle va s’informer.
Le lendemain matin à 9h15, elle m’appelle avec des coordonnées pour un poste à 1200 km dans un village éloigné. Première solution avancée.
Je n’arrête pas de me poser la question. Le poste est tentant mais si loin, six mois. Ce serait parfait pour laisser la poussière retomber, pour passer à autre chose. Dois-je vraiment faire ça ?!
Je prépare un courriel d’offre de services. Je tourne en rond dans la maison. La fuite n’est pas mon truc, pas du tout, mais là, je ne vois pas d’autre solution pour me soulager de ce lourd secret. Je finis par l’envoyer mais sans CV. Je veux avoir la description du poste avant.
Le téléphone sonne alors. Un client-ami qui veut me donner un mandat.
- Justement, j’en ai besoin, lui dis-je, tu tombes bien car je viens d’envoyer une offre pour un poste à S.
- Il n’est pas question que tu ailles là-bas ! Tu vas revenir en dépression tellement cette région est difficile ! On t’aime trop pour ça et puis tu es installée ici et on a besoin de toi. Je vais te trouver des mandats !
J’ai ma réponse, avec une dose d’amour en prime. Cela me touche beaucoup mais ne règle pas mon «problème»…
Deuxième solution : me trouver un amant avant que Benjamin ne revienne. Après plus de quatre ans de célibat, je ne vois pas comment je pourrais le trouver en si peu de temps. En fait, je ne veux pas d’amant mais ça créerait une raison «officielle» pour être moins proche de Bernadette et freiner les tentations avec Benjamin.
Je déteste cette situation !!!!!!!!!!!!!!!!
Ces solutions me semblent tellement stupides. En fait, c’est moi que je trouve stupide !
Je n’ai rien à fuir, juste à faire confiance que tout va se passer parfaitement et sans souffrance pour personne.
C’est juste un chemin que je suis pour apprendre quelque chose sur moi, pour dépasser, guérir de vieilles blessures, pour apprendre l’Amour…
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