Du 17/05 au 25/05 au Grand Varia.
de Koffi Kwahulé.
Co-mise en scène: Laura Angiulli ; Robin Frédéric; Layla Nabulsi.
Avec: Alessandra D’Elia, David Erudel, Cécile Fontaine, Cécilia Kankonda, Jolanda Piazza, Alexandre Trocki.
Marie est la mère de Benjamin, l’époux d’Idalie, une femme en pleine ascension sociale, ce qui ne plaît pas à Marie. Elle préfèrerait voir son fils plus ambitieux, moins amoureux, moins soumis à sa femme ; elle préfèrerait même le voir marié à une autre qui serait plus domestique ou servile. Idalie a à son service, Taos, une célibataire, secrétaire experte en petites annonces à qui Benjamin offrirait bien des fleurs s’il n’en offrait déjà à sa femme ; des fleurs qu’il achète chez Nicolas, le mari de Nema qu’Idalie vient d’engager comme domestique. Nema … le visage marqué, murée dans ses silences. Les six personnages forment comme une famille, tous liés, presque aliénés les uns aux autres, tous en proie à des fantasmes, tous rêvant d’un bonheur qu’aucun bouquet, aucune fleur ne peut apporter.
Et Nema …? Et Nema est depuis longtemps déjà au-delà ou ailleurs. Au-delà des violences, par-delà les souffrances, elle vogue lentement comme une chanson simple … Lento Cantabile Semplice.
Une histoire de violence conjugale, un questionnement sur les moeurs européens. La violence est-elle une question de culture? Ou peut-être une question d'éducation? Est-ce une maladie? Et puis... Où commence réellement la violence? Lorsqu'elle n'est que verbale, peut-on déjà la considérer comme destructrice et malsaine? Aussi grave que lorsqu'on porte des coups... bien que moins visible et plus subtile?
Un pièce aux hommes violents, chacun à leur manière, chacun pour leurs raisons... L'homme, toujours l'homme, qui avilit la femme, l'humilie, ne suporte pas son ascension sociale, désire secrètement une femme docile, servile, tout à lui. Si le pourquoi est plus ou moins évoqué, il ne laisse pas moins le spectateur avec une kyrielle de questions flottant dans son cervelet, de manière effroyable. Car ici, on ne juge pas, on ne n'enseigne pas, on montre, tout simplement. La réalité, une réalité, dans toute sa complexité et ses chemins qui se recoupent et tissent leur toile, inextricable, jusqu'à la mort.
Une pièce, donc, troublante car remplie autant d'amour que de haine, construction et destruction continuelles, mais surtout une mise en scène fantastique: un décor simple et frappant, un jeu de couleur lumineux et déchirant et des acteurs tout bonnement superbes: clairs, audibles, déterminés, déchaînés, sans failles. Et le petit plus: le sous-titrage en néerlandais...