Alassane Ouattara entouré de ses pairs africains et de Ban Ki-moon (ONU)
YAMOUSSOUKRO – C’est avec tact, et probablement erreur aussi pour ne pas parler de bévue, que le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara a définitivement « tué » son vieux rival Laurent Koudou Gbagbo. Certains Africains, très émus, ont mal pris le fait que soit déroulé le tapis rouge à Nicolas Sarkozy, le chef de l’Etat français que la plupart exècrent. En réalité, comment en serait-il autrement ? Pire, en annonçant que les forces françaises resteront sur place, une certaine torpeur a envahi tous les esprits.
Nicolas Sarkozy a précisé, dans sa déclaration, que, c’est uniquement pour les ressortissants français (15 000), et non pour maintenir ou soutenir un quelconque régime au pouvoir. Peut-on croire à cette assertion ? Oui et non. Tout d’abord, la Côte d’Ivoire est l’un des fers de lance, sur le plan économique, de l’Afrique, tout particulièrement de l’Afrique de l’Ouest. Durant près de 8 ans, malgré la présence des opérateurs français tels Bouygues, Bolloré ou encore Total, l’Hexagone a été plus ou moins écartée du marché juteux relatif aux richesses de ce pays. Le régime Gbagbo s’opposant farouchement à celui de Jacques Chirac puis de Nicolas Sarkozy.
Mais, la vraie question qu’il faut se poser in fine, est celle de savoir si la Côte d’Ivoire était vraiment indépendante sous l’égide de Laurent Gbagbo, qui le clamait haut et fort, avec la souveraineté de son pays qu’il devait défendre et qui était non négociable. Si oui, alors pourquoi pendant toutes ces années a-t-il permis la présence française ? Comment comprendre son panafricanisme parce qu’il s’est retrouvé confronté à une défaite électorale qui ne fait aucun doute ? S’il faut devenir panafricain parce que son pouvoir est menacé, alors, on comprend l’opportunisme, le pouvoir personnel, éloigné des intérêts réels de son pays…
Il n’a échappé à personne, la présence de tous les chefs d’Etat de l’ancien pré-carré français. Tous les présidents des pays francophones d’Afrique, hormis ceux du Maghreb qui avaient des délégations, étaient représentés. L’Afrique noire donc, sauf le Congo Kinshasa de Joseph Kabila, ancienne colonie belge. Cherchez l’erreur ! Avant de montrer leurs biscotos, les Africains feraient mieux de se prendre en charge en étant unis, au lieu de toujours rejeter leurs faiblesses sur les autres. La phase des discours vaseux doit laisser place à une réhabilitation et à une prise de conscience, en mettant en avant, leurs capacités. Point.
Voici les principaux chefs d’Etat présents, hier, samedi à Yamoussoukro à la cérémonie d’investiture d’Alassane Dramane Ouattara comme nouveau président de la Côte d’Ivoire:
- Nicolas Sarkozy (France)
- Goodluck Jonathan (Nigeria), président en exercice de la Communauté économique des Etats de l`Afrique de l`Ouest (Cédéao)
- Teodoro Obiang Nguema (Guinée équatoriale), président de l`Union africaine
(UA)
- Blaise Compaoré (Burkina Faso)
- Abdoulaye Wade (Sénégal)
- Alpha Condé (Guinée)
- Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie)
- Faure Gnassingbé (Togo)
- Mahamadou Issoufou (Niger)
- Ellen Johnson Sirleaf (Liberia)
- Ernest Koroma (Sierra Leone)
- Amadou Toumani Touré (Mali)
- John Atta-Mills (Ghana)
- Boni Yayi (Bénin)
- Malam Bacaï Sanha (Guinée-Bissau)
- Paul Biya (Cameroun)
- Idriss Deby (Tchad)
- Denis Sassou Nguesso (Congo)
- Ali Bongo (Gabon)
Autres personnalités et dirigeants:
- Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies
- Kgalema Motlanthe, vice-président d’Afrique du Sud.
- Raila Odinga, Premier ministre du Kenya et ancien médiateur dans la crise ivoirienne.