Jour 62

Publié le 23 mai 2011 par Miimii

Accompagner la lecture d'un morceau de Musique

Le seul moyen pour moi de combattre les idées noires est de ne pas leur laisser le temps de murir dans ma tête.

Cette semaine Sam est venu, et il repart dimanche. Le calcul est simple... Il est encore là.

Il est arrivé jeudi soir, le 12 comme prévu. Je suis allée le chercher à l’aéroport, il s’agit de mon associé et il est venu, pour que nous puissions travailler ensemble.

A l’aéroport, j’étais en panique, je regardais partout comme si j’avais peut d’être prise la main dans le sac... J’étais paniquée à l’idée que D. soit à l’aéroport également. Peut être que s'il me croisait là avec Sam, il se ferait des films et finirait par rompre le pacte.

Il m’a proposé de dîner, et j’ai refusé « proprement ». Nous étions encore en voiture quand il m’a gentiment proposé de mettre les points sur les ‘i’ tant qu’il était là.

Mon Dieu ce qu’il est prévisible. On fixe un dîner à son hôtel, le lendemain à 21h. Il sait que j’adore le restaurant chinois de The Residence, et nous y serons tranquilles pour parler.

Jusque là, je l’ai écouté sans rien dire et puis il m’a posé la question : « Tu n’as rien à dire ? »

« En réalité, je ne comprends rien à ce cirque, tu trouves qu’il y a quelque chose qui cloche entre nous ? Je ne vois même pas de quoi on devrait parler... Je veux dire t’es venu pour bosser... alors je ne vois pas quels points il faudrait mettre sur quels i... »

« Bon... même si pour toi tu es dans le déni total ou peut être que ce qui s’est passé entre nous n’a pas d’importance pour toi... »

Je lui coupe la parole...

« Parce que pour toi ça a de l’importance ? »

... Il ne dit rien...puis...

« On ne peut pas nier qu’il y a eu des faits dont il faut parler... »

« Il faut ? Non, si tout est OK, il ne faut pas... Tout est OK ? »

« Non, j’ai des choses à dire si tu permets. »

« Ok, alors demain 21h et j’espère qu’après, tout sera OK ».

Je le « jette » littéralement là, et je m’en vais. Je me sens inerte, je ne ressens rien... Je ne cherche même pas à me poser de question... ni à anticiper. Je suis fatiguée et je veux dormir.

Je n’ai pas vu mes potes depuis un bail. Je parle bien de mes amis mondains, ceux avec qui je partage en réalité ma solitude. Ces personnes qui ont une tonne de connaissances floues, et qui le restent, et qui préfèrent sortir dans les endroits bruyants pour ne pas avoir à parler.

Là, je fais un parallèle immédiatement, un constat me saute aux yeux. Sam est devenu mon pote. Je suis distante, superficielle, directe, serviable et sympa avec lui... Je fais bien attention de ressembler à ma réputation, je ne veux pas le décevoir. Je l’ai mis dans la case « pote » en me forçant à avoir une amnésie sur ce qui s’est passé.

D’ailleurs, je ne lui dois aucune explication mais comme je compte sur une collaboration socio-professionnelle, je dois être au petit soin de notre « relation ». Ce n’est ni de la diplomatie, ni de l’hypocrisie, c’est juste dans la continuité de mes aspirations. Tout est question de priorité, et les états d’âmes n’en font pas partie, même pas les miens. Sinon, je serais perpétuellement au lit en train de pleurnicher sur mon sort complètement stone à cause des sédatifs. Si je me mettais dans de tels états, alors pourquoi vivre ?

Je ne ressens rien pour lui, ni de bien, ni de mal. Il a été l’épaule sur laquelle je me suis reposée un temps et ça n’avait pas l’air de lui déplaire. Je ne lui ai rien promis et lui non plus, nous sommes quittes. Je ne lui souhaite aucun mal, je ferais de mon mieux pour que notre collaboration aboutisse à une relation saine et honnête.

Je suis devant chez moi, ça fait bien 5 minutes et je ne suis pas descendue. Il y a un mec devant l’entrée de ma résidence, j’ai peur, je ne veux pas descendre... Je suis face au malheureux constat que je ne peux rien faire et que je n’ai personne à appeler. Encore une fois, si j’avais de bonnes relations, basées sur l’affect avec les voisins et le gardien, des amis qui n’habitent pas loin, ma famille et peut être un homme dans ma vie... j’aurais tout de suite pensé à mes numéros d’urgence. « Allo, chéri, je suis en bas... y a un mec louche, tu peux descendre me chercher ? »

Je crois vraiment que ma seule urgence est de me ranger, d’accepter d’avoir des émotions, de m’attacher aux gens, d’aimer et d’arrêter de vouloir me dépasser sous prétexte d’ennui et de phobie de la routine. Il faut que je me l’avoue une fois pour toute, j’ai peur de souffrir... et alors ? Je n’en mourrais pas... Je ne suis pas morte de désamour... je ne mourrais pas d’amour, ni de souffrance causée par l'amour.

Je pense que je suis prête , à serrer les fesses, et d’aimer et prendre le risque de la souffrance, de l'échec... La stratégie de D. est forcément bonne, pour me faire penser comme ça... Il a réussit son coup et il me manque.

Je prends mon allié, et sur BBM je lui envoie : « Je suis dans ma voiture, y a un mec louche devant ma résidence, j’ai peur de descendre. »

Je continue dans mes réflexions...supposons que je sois prête à aimer... mais est ce que c’est lui que je veux aimer ?

A chaque fois que je pense à lui, à notre historique parce qu’il est quand même fascinant de complexité... Nous avons vécu de très beaux moments, d’autres très compliqués et parfois douloureux, même si je ne veux pas admettre que j’ai souffert et qu’en retour, je l’ai pas mal fait souffrir sous prétexte que je refuse de souffrir toute seule.

Un quart d’heure s’est écoulé. Je suis encore dans la voiture. Et j'essaie de me convaincre d'arrêter de vivre en autarcie, d'arrêter de vouloir me suffire à moi même.

Gamineries, je ne suis vraiment qu’une sale gamine gâtée pourrie... qui l’assume certes, mais qui en souffre et ne se l’avoue même pas. Je me sens seule, fragile et peu aimée... mais je le sais, il s’agit du revers de mon égoïsme et de mon égocentrisme... Je le sais...

Je reçois la réponse par BBM : « Qu’est ce que je ne ferais pas pour toi ».

Au même moment, une personne tape sur ma vitre. Je sursaute, je suis morte de peur, j’ai le souffle coupé, je ne vois que l’ombre d’une silhouette, la personne me fait signe de baisser la vitre... Je la baisse de qq centimètres. La voix m’est familière, elle me dit « Tu descends ? ».

C’était D.