Magazine Journal intime

Plaisir d'offrir, joie de recevoir

Publié le 24 mai 2011 par Fyfe
Pour remercier ma famille de leurs épuisantes contributions à l'emménagement à Lyon (peinture et travaux, babysitting du Crampon, etc.), nous avons donc décidé de les inviter pour un déjeuner chic à la maison, dimanche.
Certes, on est loin d'une rétribution juste, mais leur offrir un tour du monde - remerciement plus adapté à la hauteur de leur implication - n'est pas franchement dans nos moyens.
Ne dit-on pas que c'est l'intention qui compte ?
Le temps consacré à choisir le menu et le confectionner de mes blanches mains (gauches) ne sera-t-il pas aussi gratifiant qu'un cadeau finalement pompeux et facile ?
Non.
Ok, on est d'accord, mais n'empêche, c'est un repas ou rien.
Lundi, donc, je suis amour, je sors notre collection de bouquins de cuisine, et j'interroge le grand internet mondial à la recherche de recettes sophistiquées, compliquées, et raffinées. A la hauteur de ma reconnaissance, donc.
Mardi, je suis amour toujours, je dresse la liste des ingrédients à acheter.
Non mais c'est quoi du tamarin ? Ou est ce que je vais trouver de la pâte de crevettes ? Ok, ok, donc on oublie le PrixFran du coin, et on envisage un plan d'attaque à base de tournée des épiceries asiatiques,  du marché, et du plus grand supermarché possible (celui accessible en voiture uniquement). Bon. C'est pas comme si j'avais quelque chose d'autre de prévu samedi.
Mercredi, je suis amour mais perplexe. Ma famille m'aime, n'est ce pas ? Pourquoi voudrait elle que je renonce à ma grasse matinée du samedi, et à ce rendez-vous en terrasse avec une copine ?
Nouveau plan d'attaque. Le menu sera sophistiqué, mais à base d'ingrédients du PrixFran. La créativité, que dis-je, l'art, naît de la contrainte après tout.
Jeudi, je suis amour mais inquiète. Est ce que je vais avoir le temps de cuisiner tout ça dimanche matin? Je veux dire, sans me lever à 5h. Non parce que si c'est pour somnoler à table au milieu du repas, quel intérêt je vous le demande ?
Un déjeuner réussi, c'est surtout un déjeuner convivial, d'échanges et de plaisir.
Je revois à la baisse mes ambitions culinaires. Le menu sera simple, mais fait maison, et avec amour, bien sûr.
Vendredi, je suis amour mais fatiguée. Franchement, je ne me vois pas prendre plaisir au déjeuner si je n'ai pas eu ma grasse matinée. Les nuits sont courtes par ici (cf. billets précédents).
Nouveau menu, avec le maximum de préparation la veille, et plat vite fait le dimanche. Non parce qu'il y a un sacré ménage à prévoir aussi, il ne faudrait pas l'oublier. Pour sûr, ma famille préfère manger simple dans un appartement propre, plutôt que bling-bling en marchant sur des coquillettes écrasées.
On se rattrapera sur l'alcool. Beaucoup d'alcool à l'apéritif, et tout le monde trouvera le repas succulent. (ou ne s'en souviendra plus le lendemain).
Samedi, je suis amour mais lucide. Je ne sais pas cuisiner. Je ne cuisine d'ailleurs quasiment jamais. Même pas des œufs au plat. Je fais bien un gâteau une fois par siècle, mais reconnaissons qu'il est souvent raté. Au choix : brûlé ou incomplet. Tout le monde n'a pas la capacité à rester suffisamment concentré pour se souvenir que les proportions de la recettes avaient été doublées au début.
Triste constat, mais en même temps, c'est bien mes parents qui m'ont fait comme je suis, ils doivent bien l'assumer un jour ou l'autre.
Le menu sera donc alcoolisé, raffiné, sophistiqué, et fraîchement décongelé du jour.
(ceci est une ode à CardPi l'ami des handicapés de la cuisine).
(message personnel à ma soeurette : tout ceci n'est que fiction bien sûr. J'ai déjà commencé les marinades. Bisous)

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