- Hey !
- Salut.
- Comment va ?
- C’est lundi…
- Et demain c’est mardi. Merci pour l’info. Ça roule ?
- Lundi. Boulot. Galère.
- T’as passé un bon weekend, au moins ?
- J’ai survécu le weekend. En dépit de la fin du monde et de ce maudit pollen.
- Tu devrais être content d’avoir survécu. D’autres sont morts.
Sourire forcé.
- Ne joue pas au con. Je ne suis pas d’humeur.
- C’est toi qu’est con.
- Je te demande pardon ?
- J’dis que t’es con. Tu survis le weekend pour mieux agoniser la semaine. C’est con.
- Il faut bien vivre. Payer les factures.
- Tu appelles ça vivre. Moi j’appelle ça être en vie.
- Vivre, être en vie, exister. Même principe. La période entre le début et la fin.
- Être en vie c’est manger, dormir, se reproduire. Vivre c’est avancer. Exister c’est créer. Toi tu survis.
- Je survis à peine. J’ai l’impression d’étouffer.
- Tu t’étrangle avec ta cravate. Ne respire pas simplement pour survivre. Respire pour exister.
Soupire.
- C’est quoi ta passion?
- Ma passion? Ma passion. Ma passion…
- Y a bien un truc qui te fait vibrer.
- Vibrer?
- Oui, vibrer. Un truc qui te définit.
Silence.
- Depuis l’enfance, on construit une image de soi-même, expérience après expérience, une image composée de petits morceaux d’existence. Puis un jour on ouvres ses yeux et le miroir de sa conscience reflète l’image d’un étranger, que cette mosaïque est bâtie sur du sable. Sur du sable mouvant.
- Ok… C’est quoi ton rêve?
- Mon rêve ? Dans mon rêve, je tombe. Je tombe de haut.
- Et alors?
- Le plus dur ce n’est pas la chute, c’est le réveil. Le lundi matin.