Séverin – L’Amour Triangulaire

Pourquoi on s’intéresse à tels artistes ou tels albums ? Pourquoi on préfère écouter à moitié certains albums ou carrément dire avec un sourire au coin à l’attaché web  » ça s’écoute, mais comment te dire … Je ne saurai pas retranscrire toute la magie de cet album, donc je préfère éviter de le chroniquer » (ou tout simplement dire « Je n’aime pas ce disque, c’est d’un nullissime…« ) ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi … Ben, y a une raison : Si j’aime un album ou que j’ai pu être toucher par un air ou une musique, ben je me fais un plaisir d’en parler, de le crier sur tous les toits de Paris comme si j’avais encore 15 ans et on croit encore à l’amour … Hé ben, c’est le cas avec Séverin !

Plusieurs choses m’ont attiré dans cet album, la nostalgie en premier. Le souvenir de ces années Taxi Girl, Jacno, … Et puis les ruptures. Séverin dit  »J’ai été en couple pendant longtemps et puis je me suis retrouvé seul. j’avais beaucoup de temps à tuer et j’ai commencé à écrire mes propres chansons« . Tel un Bon Iver sans sa joconde, faut toujours s’attendre d’un album composé après une rupture sentimentale qu’il ne soit qu’un bijou musical, et Séverin a su relever le défi avec brillo !

On retrouve sur ce premier album d’agréables chansons entre pop, new-wave et electro. Moi, qui n’aime pas le son du synthé, je retrouve ici le plus excitant album de chansons pop entendu depuis ces cinq dernières années en France (que Katerine aille faire ses bisou à d’autres, sa musique ne m’emballe pas du tout… contrairement à celle de Séverin). «  Un été Andalou « , chanson légère aux paroles simplistes réussit à me faire bouger comme une adolescente de 15 ans. «  Les Yeux dans les Yeux  » , comme je disais au début, a ce goût de souvenir d’une belle musique que nous offrait Darc et ses acolytes. Une belle manière de revisiter cette époque là, sans tomber dans un plagiat pâteux. De l’ironie, de la dérision comme un Mr Roux chantant l’amour à deux ou à un, ou bien un Siméo qui n’a qu’une envie que de la laisser avec sa vie de merde ! (Je me comprends, ceci dit)

Je me retrouve à faire des puzzles de ma vie passée en écoutant « Identité« , c’est tellement vrai que la musicalité de la chanson ne me gêne pas, je ne vois que le texte. Est-ce le hasard, mais je suis déjà à mon quatrième verre de whisky sans le coca quand retentit le morceau « Mini-bar« . L’ambiance est plus calme et aérienne, je me laisse emporter par Séverin qui me raconte « son » histoire pour être bien. Sans aucun artifice, lui seul avec sa guitare, poignant !

C’est facile, je me reconnais dans les chansons, comme je m’étais reconnu quelques années plutôt dans l’ »Envie » de Siméo ou le VLP de Saez (j’aurai pu rajouter  » For Emma, Forever Ago  » de Bon Iver, mais faut bien l’avouer, je n’avais compris que la moitié des paroles …). En tout cas, ceci pour dire, que cet album me plait, me fait valser comme une adolescente découvrant l’amour (et la rupture, ça va de soi).

La lose au corps avec  » 3 mois sous terre  » et me voilà crachant mon venin, ce n’est pas écrit sur ma figure, et pourtant je suis une sale peste pleine de rancune, crois-moi ! L’album m’achève sur «  Le Dernier Tube « , chanson annonçant les adieux du musicien à la scène. Je ne sais pas pourquoi, mais je pense aussitôt à Johnny Marco, sombre héros du dernier film de Sofia Coppola « Somewhere » et cette scène finale où le héros déprimé laissant sa Ferrari sur la route au milieu de nulle part  et continuant sa route seul…

Merci Séverin pour cet album poignant. Même si en relatant chacun de ses inévitables épisodes de vie à deux (ou ce qui n’allait pas chez l’autre) avec classe et humour, je me retrouve avec un disque qui fera monter des marées de sel à mes pupilles. Je réitère donc mes précédents dires «  L’Amour Triangulaire est le plus excitant album de chansons pop que j’ai pu entendre ces cinq dernières années en France (c’est à dire, depuis « Envie » de Siméo).