Scènes d’un bus quotidien

Publié le 25 mai 2011 par Anaïs Valente

Le fond de l’air est frais, laïlé, laïlé.

Le soleil est bien haut, laïlo, laïlo.

Dans le bus, vive le progrès, de la musique : Time of my life, de Dirty dancing.  J’aime.  Envie de me lover contre un homme, là, de suite.  Je n’ai à portée de main que mon vieux voisin de siège et son haleine d’ail.  Je m’abstiendrai.

Là, tout au fond, une rousse.  Les reflets du soleil qui pénètrent dans le bus exacerbent ses repousses toutes blanches.  Il est temps qu’elle fasse ses racines, ma bonne Dame.

Ooooooh, à la Maison de la culture, une apparition : deux énormes volatiles rouges.  Aigles ?  Buses ?  Faucons ?  Pigeons ?  Le bus va trop vite, pas le temps d’insister.  J’ai cru voir un rapace, me trompe-je ?

Non loin de moi, un bébé quotidien, qui grandit au fil des jours.  Il a des mini crocs aux pieds, keske c’est mignon quand c’est mini.

Sur le bus, un chien à laisse rose fuchsia m’implore, de ses yeux larmoyants et tendres, de l’emmener faire une promenade, la TV pourra attendre, merci Voo.

Une jeune femme transporte des roses rouges séchées.  Que compte-t-elle en faire ?  Un bricolage pour enfants ?  Un pot-pourri ?  Un dépôt sur une tombe ?  Ou est-ce un simple souvenir d’amour qu’elle emporte avec elle ?

Oooooh (bis), la Ville a mis des bacs géants à fleurs devant le C&A.  Joli.

Derrière moi, ça discute prénom.  « On n’est pas dans le monde de Disney hein ».  « Si ça tombe ils l’appelleront Arthur et planteront une épée dans le jardin pour voir comment il s’en sortira, ah ah ah », rire gras.  Non je rigole, le rire n’est pas gras, il est féminin et diaphane, mais rire gras sonnait avec sortira, que voulez-vous, je ne me refais pas, j’aime les rimes.  Et j’aime le prénom Arthur, c’est mignon non ?

Une petite ado est en slaches, mini-jupe et top.

Une jeune femme est en legging et tunique, avec une chtite veste pour les frimas matinaux.

Une femme plus âgée n’a pas encore quitté son polar hivernal et ses bottes.

L’âge rendrait-il frileux ?  On le dirait.  Je le pense.  J’y songe.

La sonnerie imposant l’arrêt, stridente, me ramène à la réalité.  Il est temps de descendre et d’aller bosser.