Magazine Journal intime

Jour 64

Publié le 25 mai 2011 par Miimii
Jour 64

Accompagner la la lecture d'un morceau de musique (Imaginary Husband, Elodie Lauten, Piano Works)

J’ai eu une journée très speed, je n’ai pas arrêté de courir. J’arrive chez moi à 19h, j’ai à peine le temps de me préparer... The old Miimii is not dead, je me dis que pour un dernier rendez vous, je veux que le vieux s’en souvienne, jusqu’à la fin de ses jours, en se morfondant de regrets de ne pas avoir su me garder...

Je m’assois sur mon lit en face de mon dressing pour réfléchir à quelle robe que j’ai acheté à des fins meurtrières, je pourrais mettre pour assassiner l’oncle Sam. Après ce soir, je pourrais l’appeler de nouveau « tonton », comme quand j’étais petite.

Tristement, je repense à D. qui n’a pas donné signe de vie de la journée. Mais je le comprends... soirée décisive et il est bien trop fier/raisonnable pour me souhaiter « bonne soirée ». Où ai-je la tête ? Il ne va tout de même pas m’appeler ? Ce serait vraiment ridicule.

Je prends mon téléphone et je l’appelle... « Allo ? »

« Salut Mimi, ça va ? ... »

« Ouais et toi ? »

« Oui, je suis un peu occupé, je suis en rendez vous, je peux te rappeler ? »

« Oui, bien sûr... »

« Bon, à tout à l’heure... »

Je me suis sentie frustrée, j’en avais vraiment pas besoin... Je me mets à me poser cent questions, "Peut être que finalement...", "et si..."... J’avais plutôt besoin d’être boostée... avant d’aller à ce dîner... et peut être même que j’aurais voulu qu’il me dise qu’il m’aime... pourquoi pas ?... Au moins, j’aurais été sûre d’une chose... c’est que quelqu’un m’attendait... Il n’a fait aucun signe ... aucun... mais je ne vois vraiment pas ce que j’aurais fait à sa place.

Je ne peux ni le juger, parce qu’à sa place, je serais sûrement très loin d’ici, une telle complication m’aurait détourné de la personne... surtout au regard de l’odieuse harpie que j’ai été avec lui, ni le blâmer... je n’ai rien à dire.

Impulsivement, je prends mon téléphone : « Allo ? Maman, ça va ?... ». La dernière chose que j'aurais faite en général.

« Oui et toi ma fille... Tu vas bien ? »

« Oui, écoute, tu peux m’aider, j’ai un dîner délicat ce soir... et je ne sais pas quoi mettre ? »

« Un dîner pour du travail et tu voudrais détourner l’attention de ton interlocuteur ou alors un dîner avec une requête personnelle et tu voudrais mettre toutes les chances de ton côté ? »

Je fais un temps d’arrêt pour me dire que c’est certainement ma mère qui m’a transmis ce mode de réflexion pourri dénué de toute spontanéité dans le lait maternel.

« Un dîner important maman, ..., je dois être bien c’est tout. »

« Un restaurant chic ? »

« Oui, plutôt... »

« Le restaurant est sombre ? »

« Oui, Maman c’est comme si tu y étais... »

« Va à la maison, je viens de m’acheter une robe rouge magenta, elle est superbe, mais elle est légèrement étroite, elle t’ira comme un gant... Tu seras sublime. Au pied, tu mets des chaussures nude, et une belle pochette, tu as ta « vieil or et rouge » elle sera magnifique. Attache-toi les cheveux, un très léger maquillage aux yeux et ton rouge habituel... Ce sera parfait. »

« Merci M’ma... Tu n’es pas à la maison ? »

« Tu as une petite voix ma chérie, non... ton père et moi on est à la maison de la plage pour le week end. Tu veux venir ? »

« Peut être demain ou dimanche... Passe le bonjour à Papa, je dois y aller, bisous.»


Je me sens tout de suite seule et abandonnée, again and again... Je prends ma douche et je file chez mes parents, ce sera plus proche de l’hôtel... Il n'y a pas grand monde sauf le personnel, qui ne me reconnait pas, ma maniaque de mère, le change souvent... Sauf le chauffeur et la nounou (Lili), dont on n’a plus vraiment besoin, la plus jeune d’entre nous ayant presque 16 ans, mais nous n’arrivons pas à nous en séparer, on l'aime, et parfois elle remplace notre frigid'mère.

« Tu me manques ma petite fille, pourquoi tu ne viens pas ? »

« Je suis débordée ma Lili »

Je lui fais un gros câlin, elle me manque.

« Tu es amaigrie et cernée... Tu manges mal, hein ? Viens chercher des repas ici, ou si tu veux que je te les envoie chez toi ? »

« Mais non, ne te fatigue pas. Y a personne à la maison ? »

« Tes parents sont partis en week end, ta sœur vient de sortir avec sa copine. Mehdi est en voyage et d’ailleurs, on n’a plus vu, Amira depuis des semaines... »

« Tant mieux... je croyais qu’elle serait plus tenace la peste. Et Selim ? »

« Selim, il doit dormir dans sa chambre, il n’est pas rentré de la nuit, il est resté à la ferme hier. Il vient de manger et il est monté. »

« Bon, je vais me préparer... »

« Tu sors ? ... avec un beau jeune homme... ? »

« Tu parles, il est beau, il est vieux et sans avenir... je sors pour en finir... »

Et je monte sans attendre la réponse.

Je vais dans la chambre de mon frère, il dort devant sa télé, il dort assis, il a l’air de s’être écroulé de fatigue. Je lui fais un bisou sur la joue et sur le front, ça le réveille... Je lui propose de se coucher correctement, sinon il va avoir mal au dos. Il me regarde surpris, je n’ai pas l’habitude de faire des bisous, et encore moins à lui. On a toujours gardé des distances tous les deux.

« Tu vas bien... tu as besoin de quelque chose ? »

« Non, mais des fois je me dis que tu me manques... Je suis désolée si un jour j’ai fait quelque chose de travers avec toi. Je n’ai pas pu m’empêcher de t’embrasser, t’es mon frère et je t’aime. »

Il éclate de rire...

« Tu es malade ?... Ou Amoureuse ?... Moi aussi petite peste... mais malgré moi, je n’y peux rien... »

« Toi aussi quoi ?... Dis le... quoi ? »

« Dégage ! ... Tire toi.. Tu vas où ? »

« Je sors dîner ? »

« Boulot ou histoire floue ? »

« Vaut mieux que tu saches pas... »

Il me rappelle que je suis en situation irrégulière et qu'il vaut mieux que je ne reste pas là trop longtemps au risque de faire l 'objet d’une enquête, qui pourrait, à coup sûr, tout gâcher avec mon frère de nouveau et cette fois pour toujours. Ce coup là, « C’est mon choix- j’ai couché avec un ami de Papa qui aujourd’hui, est mon associé » il me le pardonnera jamais.

Je file me changer et je me faufile pour sortir sans que personne ne me voit, il était hors de question que je réponde à la moindre question... J’avais la pression au max et je me suis répétée ma tirade au moins une dizaine de fois... Il fallait que je termine cette histoire en beauté, que ça reste une « no strings attached story » qu’on raconte avec un certain goût de délicieux souvenir, qui nous démarquerait des autres vies pépères et tellement conventionnelles. Mais que ce ne soit pas non plus une histoire qui m’est marquée ou qui ai fait du mal à qui que ce soit.

Maman avait raison, la robe est parfaite, la tenue est sublime... Je suis en retard. Je lui envoie un sms en sortant, « Tjrs pas en bon termes avec l’horloge, je suis là dans 5 min »... Il me répond « Je t’attends à la réception ».

Je dépose ma voiture au parking, juste le temps de vérifier ma queue de cheval dans le rétro, il faut que mon rouge à lèvres cerise tienne toute la soirée, mais j’ai confiance en lui... Il me lâchera pas, ... pas comme l'a fait D. qui n'a pas rappelé... Je me répète une dernière fois des encouragements, pas question de se laisser avoir. Mon interlocuteur est mon mentor en manipulation... Il faut que l’élève dépasse le maître, mais je peux compter sur quelques attributs féminins et la force du souvenir au goût de macaron à la réglisse. #JeMeComprends


J’entre dans le magnifique hall de réception, après qu’on m’ait ouvert la porte... je suis frappée par cette odeur si familière d’encens et d’huile essentielle de fleur d’oranger. Il est au piano bar, quand il me voit il se lève, pour m’accueillir... quel savoir vivre et qu’il est beau... Je sens presque son parfum d’ici, il est superbement habillé, pantalon, blazer et chemise blanche, ma robe était totalement de rigueur... Sam a la classe de James bond, quand c’était Pierce Brosnan, ils ont la même coupe de cheveux et des cheveux fins, raides et brillants.

Je ne me sens plus à Tunis, ni même dans la même dimension... Je me sens comme une James Bond Girl, je marche d’un pas assuré comme SJ Parker sur l’affiche de Sex & The City, ma robe flotte sur fond de piano et de bruit de fontaine d’eau... Je pense que je viens d’oublier pourquoi je suis là... D. ? ... qui est D. ?... Sa force... c’est ça sa force... de faire en sorte que je me sente « So Pipole »...To be continued.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Miimii 14 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Ses derniers articles