Présomption

Je suis bien entendu effaré par le triste feuilleton dont l'ex-futur éventuel candidat aux élections présidentielles françaises est le héros. Parce qu'on le veuille ou non, que nous soyons on non sympathisants de la cause qu'il entendait défendre, nous sommes à la fois dégoûtés et captivés par ce qui se joue à New-York. Je ne sais pas ce qui s'est passé réellement dans la suite de l'hôtel de Manhattan, et je n'ai pas l'intention d'absoudre quiconque. Mais je ne suis pas sûr que le déferlement d'informations de tous bords auquel nous avons droit depuis 10 jours contribue à la manifestation de la vérité. L'accélération invraisemblable des flux de l'information fait que minute après minute, nous découvrons de nouvelles exclusivités. On suit telle audience à travers les "twits" de quelques privilégiés qui y assistent, on obtient des nouvelles de tel résident par l'intermédiaire de son voisin qui nous décrit en long, en large et en travers les dimensions de sa salle de séjour. On apprécie la couleur du pyjama de tel détenu, à travers l'œilleton de sécurité d'une porte blindée. On reconstitue pour nous l'itinéraire de telle employée depuis son village guinéen jusqu'à "big apple". Nous sommes repus de détails, dans lesquels nous nous complaisons, reconnaissons-le, mais sommes-nous pour autant plus capables de comprendre, de juger ? Nos sociétés sont construites sur un modèle masculin, et nous devons accompagner tout ce qui permet aux femmes, à la "moitié du ciel", de s'affranchir de ce modèle et d'y creuser leur place. Nous devons donc nous montrer implacables avec tout ce qui contribue à perpétuer ce modèle du "mâle dominateur", dans la vie publique et dans la vie privée. Mais nous devons aussi nous affranchir de nos penchants pour la morbidité, de notre avidité à enfoncer celui ou celle que nous pensons le ou la méchant(e), avant même que la justice des hommes ne soit passée, avec tout son lot d'imperfection et d'injustice. Regardons la courbe des audiences des radios, des télévisions, des journaux : elle suit notre propension avouée ou non au "fait divers". Je ne suis pas sûr que cela contribue beaucoup à une étape supplémentaire de notre degré de civilisation...