C’est Fabrice Le Parc - CEO et fondateur de Smartdate (site de rencontres), qui a eu envie d’écrire cette histoire de start-up lors du e-G8 auquel il a participé. Ok, tout ne relève pas du récit, dans son propos, mais dans l’ensemble, c’est bien une histoire. Prenante pour qui a une âme d’entrepreneur.
On pourrait aussi titrer ce post : comment écrire une lettre et raconter une histoire en même temps. Oui, c’est un cas pratique intéressant.
« M. Le Président, les start-ups françaises ont besoin d'aide...
Aucune start-up française n'est devenue un hit planétaire. La France (ou même l'Europe) accouchera-t-elle un jour d'un Google, d'un Facebook, d'un Twitter ?
Oui, nous avons de belles success stories locales que nos medias glorifient comme des prophètes, mais elles peinent à s'exporter.
Si l'on prend l'exemple de 2 fondateurs omniprésents dans nos journaux et de leur réussite « made in France »:
Meetic est devenu leader en Europe en rachetant les marques locales qu'il a parfois du garder et devait être racheté par le leader mondial... l'Américain match.com
Vente Privée a une présence embryonnaire hors de France et son récent partenariat avec American Express était sa seule voie pour une internationalisation.
Pourquoi les Américains parviennent-ils à installer leurs produits web universellement, et pas une seule entreprise européenne, encore moins française ?
Nous sommes pourtant capables de créer des champions internationaux dans d'autres secteurs, les L'Oréal, Danone, LVMH, Accor...
Alors que dans le web, Criteo est vite parti du 11e arrondissement pour l'eldorado de la Valley, et dans les années 90 Business Objects avait du suivre le même chemin pour devenir un leader mondial.
Les Etats-Unis sont seuls sur le terrain de l'innovation - la Chine, malgré son poids démographique et le phénomène de mode chez les investisseurs, est pour l'instant simplement capable de sortir des copycats destinés à son marché intérieur.
Pour l'anecdote, j'avais d'abord écrit ce billet en anglais.
Ca m'avait semblé naturel : l'anglais est notre lingua franca dans le « web ».
D'ailleurs qui dirait je travaille dans les « Nouvelles Technologies », euh, dans une « Jeune Pousse » ?
En plein cœur de Paris, on communique chez Smartdate en anglais, comme avec la plupart de nos partenaires. Un mail à mon « Board » (Conseil d'Administration en français) est cryptique pour les non-initiés, à coups de « scaler », « R2FO », « team meeting», « BP updaté»...
On lit Techcrunch, Business Week, Wired, en anglais, les conférences se tiennent à Paris en anglais (Le Web, TED...).
Récemment, un candidat français m'a déclamé avec un accent à faire frémir son « action plan », car il ne savait pas (plus) exprimer ses idées en français.
Des amis français commentent mes post Facebook ou « tweets » en anglais, tenus comme moi par la peur qu'un étranger n'entende pas leur bonne parole.
Il est temps de comprendre que la suprématie américaine dans notre secteur est un vecteur fort d'impérialisme culturel, sans doute plus que la TV et les films désormais.
Les 8 propositions (nous sommes au G8 et c'est mon jour de naissance) que je vais faire seront perçues comme utopistes, injustes ou irréalisables par beaucoup. Elles sont volontairement peu détaillées et car je veux surtout parler de principes.
Mais si le Président Sarkozy commence à comprendre que le déclin de la France, et de l'Europe, se joue aussi sur le terrain de l'innovation, je crois qu'il est temps d'exprimer, à l'aune de mon expérience de jeune entrepreneur, des propositions radicales... »
J’ajouterai une autre histoire pour compléter : comme le dit souvent Alain Brégy (@WoldenAvro), « il paraît que l’innovation passe par de petites structures s’alliant entre elles, mais alors pourquoi les fonds pour financer l’innovation vont-ils toujours aux grands groupes ? »S'abonner à la newsletter Storytelling