J'ai longtemps cru que c'était en devant parisienne que j'avais désappris à être patiente. Mais en fait, je me suis récemment rendue compte que ce n'est pas un trait de caractère typiquement parisien. En fait, c'est la société qui m'a tuer.
Qu'est-ce que j'y peux moi, si la socièté va toujours plus vite ? Une socièté où le riz cuit en moins de 3 minutes, où on vous livre vos sushis en moins de 30' et vos chaussures en 48 h ? Où les gens s'impatientent au feu rouge, grognent dans la rue, lancent des petits "tsss" agaçés dans les files d'attente ou lorsque la caissière met un peu trop de temps à passer ses articles... ?
Qu'est-ce que j'y peux moi, si le travail dans lequel j'évolue est à 90% virtuel ? Un worldwideweb où le clic se fait en un clin d'oeil, l'ADSL, le câble, que dis-je la fibre optique nous apporte tout en à peine le temps de le penser ? Où les gens râlent dès que la page met une seconde de trop à charger ? Où le moindre plantage revient à une catastophe fukushimesque ? Où l'habitude de l'instantanéité provoque des colères improbables si l'on met plus d'une heure à répondre à un besoin, une question quelcqonque ?
Qu'est-ce que j'y peux moi, si la ville dans laquelle je vis ne sait plus attendre ? Une ville où les gens ne marchent pas dans la rue, mais trottinent, que dis-je slalomment comme des sportifs de compèt, envisageant les meilleurs chemins, les croisements les plus pointus et se projettent 15 mètres à l'avance ? Où ca crisse des dents dans le métro pour un trainard dans l'escalator, pour un gêneur devant une porte, ou une ouverture de porte trop lente ?
Comment s'étonner alors que l'on prenne le pli du tout-rapide, tout-immédiat, tout servi sur un plateau ?
Alors j'ai décidé de faire un peu de résistance. De traîner un peu. D'apprendre à patienter. De ralentir le rythme dans la rue. De ne plus couper le chemin, la parole, les élans... C'est plus qu'une bonne résolution : c'est un sacerdoce.