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NAO 2011, quelles NAO ?

Publié le 27 mai 2011 par Stoerckler

 

Dans cette pathétique pièce de boulevard que sont les négociations sur les salaires, revenons, pour cette année aux points forts de cette 1ère réunion du 19 mai :

En un an l’électricité a augmenté de 6,4%, les loyers de + 12%, l’essence de 13,5%, le gazole de 18%, le gaz 5%, la farine de 15 %, les pâtes de 10%, etc...

Face à cette 3ème année de vaches maigres pour nos revenus, face à l’inflation qui impacte tous les salariés, que nous dit notre PDG :

Que 2011 est une année intermédiaire entre 2008 (excellents résultats) et 2010 (la crise ?) ; que la croissance d’activité est tirée par Airbus, Ligeron et CAPA mais paradoxe, les résultats diminuent. En effet 2011 se caractérise par une augmentation de l’activité (d’où les recrutements) et par une baisse de la marge (pour cause de diminution de prix de -20 à -30% exigée par les clients).

D’où cette « via Dolorosa » que nous demande de partager la Direction. Reprenant le découpage par tranche, elle propose une enveloppe de :

2,8 % pour les salaires < à 1.900 €, dont 1,4 en augmentations générales

2,7 % pour les salaires < à 2.500 €, dont 0,8 en augmentations générales

2,6 % pour les salaires < à 3.100 €, dont 0,5 en augmentations générales

2,5 % pour les salaires > à 3.100 € dont 0,5 en augmentations générales

Soit environ une augmentation nette d’environ 19 € pour un salaire de 1.900€ !! Enfin la corne d’abondance se déverse.

En face l’unanimité syndicale fut de rigueur : 5% d’augmentation, avec un minimum de 100 € net.

Pour mémoire, depuis 20 ans, nous n’avons jamais entendu la direction nous déclamer : « chic, cette année nous allons nous engraisser, les résultats vont faire tomber en pâmoison les actionnaires.. » mais plutôt l’éternelle rengaine sur le marché difficile, les efforts à supporter, la prudence qui sied à tout bon gestionnaire, etc..

De même, en suivant la logique irréfutable de nos bons maîtres, si 2008 fut une bonne année, nous aurions dû en être les premiers bénéficiaires. Et pourtant qu’en fut-il réellement ? Morale : une bonne année nous n’avons rien de plus, une moins bonne encore moins. Mais l’actionnaire, en profite-t-il au moins ?

Or pour 2011 il y a urgence. Pour la 3ème année consécutive, en France, l’augmentation moyenne des salaires ne parvient pas à couvrir l’augmentation du coût de la vie. Comme le soulignait fort à propos notre camarade FO, Guy, des salariés Sonovision ne peuvent plus se loger, ne partent plus en vacances, vivent dans la précarité, alors que paradoxalement l’entreprise fait du profit, veille scrupuleusement à rembourser la dette contractée par la LBO ce qui permet à cette dernière de continuer à vampiriser la société, en attendant une proche cession à une autre LBO qui va rendre aussi elle aussi exsangue l’entreprise.

Parallèlement, nos dirigeants dédiés, Directeurs régionaux, de centre et leur staff exigent toujours plus de productivité, de réactivité afin de tenir leurs objectifs qui soyons sûr ne seront pas rémunérés sur la base de 0,8% en AG (à ce sujet à quand une transparence sur leurs émoluments et primes afin de bien appréhender les efforts consentis par chacun). Rappelons que dans un passé récent fut octroyée une prime de plusieurs dizaines de milliers d’euros à un cadre. C’est particulièrement choquant en ces périodes de disette salariale où l’on propose à un collaborateur rémunéré 1.900 € de se contenter de 19 € nets pour faire face à l’augmentation quotidienne de ses dépenses courantes. Signalons aussi que très prochainement nos cotisations sociales vont encore fortement augmenter (par exemple l’allongement de l’âge de départ à la retraite implique une augmentation des cotisations prévoyance).

Lors de cette NAO l’ensemble des délégués syndicaux a évoqué la large démotivation, la dégradation des conditions de travail (stress, détresse, burnout, discrimination, harcèlement, etc..), un management tout sauf efficient et empathique, mais cela n’a pas fait réagir outre mesure la direction.

En introduction j’ai parlé de pièce de boulevard, car tout semble déjà avoir fait l’objet de multiples représentations :

Acte 1 : le Tiers Etat est reçu par nos princes pour écouter (mais pas entendre) leurs récriminations. Le Roi parle, expose les charges du royaume, puis le grand Chambellan donne lecture des recommandations royales. Départ des délégués syndicaux. Fin du 1er acte.

Acte 2 : le Grand Chambellan, dans son infinie bonté, transmet la dernière proposition, écoute distraitement les arguments des représentants, puis prépare l’édit royal, surnommé procès-verbal de désaccord. Signature du Tiers Etat, départ et rendez-vous dans un an. « Heureux ceux qui n’espèrent rien, car ils n’auront pas plus »

Cette année nous ne pouvons nous satisfaire de ce scénario pour les multiples raisons exposées et nous avons demandé le report de cette 2ème réunion NAO, afin que nous prenions le temps d’une vraie négociation.

Chaque année, nous CFDT, rappelons (radotons !) que les propositions d’augmentation au mérite ne relèvent pas de notre compétence, car discrétionnaires et hors de notre contrôle. Seules nous importent les augmentations générales, sources d’équité et de justice sociale. Cette année 2011 est vitale, notre société est d’autant plus « pingre » que même notre gouvernement, plutôt pas marqué par son appétence pour le social envisage un coup de pouce pour le SMIC en juillet. Même les fédérations patronales de la branche (Syntec et CICF) proposent, en 1ère négociations de 1,5 à 2% d’augmentation des minimums conventionnels (pour les non-cadres), propositions jugées inacceptables par les organisations syndicales.

À comparer aux 1,4 et 0,8 d’AG proposées par la direction et qui ne peuvent nous satisfaire.


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