La femme sandwich

Publié le 27 mai 2011 par Almiragulsh @DBEDF
Je crois que nous pouvons désormais officiellement affirmer que le monde du travail n'aime pas Almira.
Pourtant, Almira fait des efforts. Elle prend sur elle. Elle fait des expériences.

Almira est prête à tout pour bosser. Même à montrer sa culotte. 

Tout a commencé quand Almira a passé son BAFA, aka le diplôme qui te coûte un oeil pour apprendre en une semaine à faire des maracas avec des pots de yaourt et au final travailler comme un esclave et être payé comme tel alors qu'elle n'était âgée que de 17 printemps. Almira comptait sur ses salaires d'animatrice de centre aéré pour se payer le loyer de sa chambre de cité U. Or, il s'avère qu'arbitrer des batailles de crotte de nez, essayer de rattraper des gnomes qui se pendent aux gouttières, éviter que des nains n'avalent trop de gouache et de colle à bois, et tenter d'expliquer à des parents liquéfiés par le soleil de juillet que c'est pas parce que c'est les vacances que leur rejeton peut me traiter de garage à bites parce que j'ai refusé qu'il taillade le bras de la cantinière avec le couteau à pain, ça ne te finance en tout et pour tout qu'une seule semaine de course à Lidl. 
Alors Almira a essayé de vendre des abonnements à des magazines intelligents aux autres étudiants de sa fac. C'était payé à la commission. Almira a pu s'acheter du beurre. Elle aurait bien pris les épinards qui allaient avec, mais il s'est vite avéré qu'elle n'avait pas les moyens. 
Du coup, Almira a cassé sa tirelire, et en plus de ses études en haute masturbation intellectuelle supposées lui ouvrir en grand avec option tapis rouge les portes de la vie professionnelle, elle s'est payé une formation pour faire un travail saisonnier relativement bien rémunéré, fort attractif sur le papier, mais tellement plein de clichés que je me refuse de dire en quoi il consistait. Au début, tout allait bien. C'était merveilleux. Sauf que dans un milieu très masculin de sportifs de haut niveau et d'obsédés du culte du corps en jean Kaporal, Almira qui lisait Mrs Dalloway et Jane Eyre dans ses petites robes en liberty vintage en écoutant Simon and Garfunkel, elle dénotait quelque peu. Alors ses collègues de travail ont commencé à la titiller. D'abord gentiment. Almira s'en foutait, elle poussait juste le son du silence un peu plus fort. Alors les gros bras, ne jurant que par Saint David Guetta, l'ont titillé un peu plus fort. Puis encore plus fort. Puis encore un petit peu plus fort. Jusqu'à finalement clamer au porte voix qu'Almira n'était qu'une garce sodomite qui avait eu le poste uniquement grâce à son opulente (lol) poitrine et un canapé en promotion. Cet été là, Almira s'en est mis plein les fouilles, mais elle s'est un peu assise sur sa fierté. Et encore, elle ne vous racontera pas que son patron a décidé de tomber amoureux d'elle et de lui envoyer des centaines de sms bien après que son contrat se soit terminé (ceci expliquant peut être la rumeur répandue au mégaphone par ses collègues). Heureusement qu'un beau jour, il s'est calmé, Almira commençait à être un peu inquiète et à se demander s'il ne faudrait pas qu'elle contacte un agent de la maréchaussée pour dénoncer l'insistance quelque peu déplacée de son ancien patron. Certes, le boss s'est à un moment donné calmé, mais c'est surtout parce qu'il lui est arrivé tout comme à DSK, sauf que la femme de chambre était mineure. Et de sa famille. Quand Almira repense à cette ligne de son CV, elle a curieusement un fort goût de vomi dans la bouche. 
Heureusment, Almira a fait des études. Parce qu'il faut faire des études pour trouver du travail épanouissant et avec un salaire décent, Almira l'a bien intégré, c'est ce qu'on lui répète depuis au moins le cours préparatoire. "Va à l'école! qu'on lui disait. Sinon, tu ne trouveras que des jobs nuls, pas intéressants et très mal rémunérés!" Alors Almira est allée à la fac, et y est restée relativement longtemps. 
Et qui dit études, dit stages. Almira sait donc parfaitement utiliser un photocopieur. Elle peut dépanner toutes sortes de cafetières, elle est capable de dire du premier coup d'oeil si une enveloppe fait plus ou moins de 20grammes, et elle sait mettre sous plis plusieurs centaines de cartons d'invitation en un temps record, et sans sourciller. Almira sait très bien retenir ses larmes face à un maître de stage un peu minable qui a décidé qu'un bon stagiaire était un stagiaire qui pleure, et elle sait aussi très bien encaisser le coup de recevoir un chèque de 300 euros pour un mois de larbinage intensif avec à la cléf aucune perspective d'embauche, puisque de toute manière "on ne fonctionne qu'avec des stagiaires". Bah forcément, de la main d'oeuvre qualifiée et gratos, on va pas s'emmerder non plus, hein?
Mais malgré tout ça, Almira a réussi à mener ses études à bien. Elle a même pu faire des stages sympa qui lui ont ouvert des portes. Et rapidement, sans trop forcer, Almira a signé un CDI.
Le GRAAL. Un CDI, dans son domaine d'études, au poste qu'elle voulait, dans des conditions idéales. Parce que bon, Almira, elle veut pas faire comme tout le monde: elle aurait pu faire des études de commerce, ou dans l'immobilier, pour pouvoir trouver du travail d'un simple batement de cil. Mais non. Elle a préféré faire un master de masturbation intellectuelle, précédé d'une licence de branlage de mouches. C'est sûr que c'était pas gagné d'avance. 
Mais toujours est il qu'Almira a signé son premier CDI finger in the nose. Au début, la lune de miel était idilique. Almira et le monde du travail s'aimaient d'amour. Ils se regardaient tendrement, avec plein de petits coeurs dans les yeux. Mais maleureusement, toutes les lunes de miel ont une fin. Et pour le coup, elle a été lente et douloureuse. Elle a conduit Almira au tréfond d'obscurs tableurs excels, dans le monde de la relance de clients, du calcul de la TVA et de la facturation. Oui, certes, il y a des gens qui adorent ça, les tableurs, la facturation, les relances. Sauf qu'Almira pense que ces gens là ne sont pas des humains normaux. Qu'ils viennent d'une autre galaxie, que ce sont des êtres démoniaques qui un jour prendront le contrôle du monde et pourront enfin faire ce pourquoi ils sont venu chez nous: nous sucer le cerveau jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un vieux pruneau. Almira sait bien tout ça, elle en a fait personnellement les frais: la compta a transformé son cerveau en gaspacho périmé depuis longtemps. A se moment là, elle est entré dans un cercle vicieux. Son patron lui disait qu'elle était la plus mauvais compable du monde. Almira lui répondait qu'elle avait jamais demandé à être comptable, que c'était un peu comme de lui demander de faire du monocycle sur un cable en comptant à rebours depuis 4789 en allemand. Le patron haussait les épaules en disant "c'est vrai". Almira disait "Ben rend moi mon poste d'avant alors". Le patron lui répondais 'ben non, faut que tu sois à la compta. Mais purée, c'que t'es mauvaise!". Et le serpent se mordait la queue. 
C'est à ce moment là qu'Almira a eu l'idée du siècle: DEMISSIONER. 
L'idée du siècle on vous dit. 
Bon Almira n'est pas con. Elle démissionne, mais parce qu'elle a un matelas pour la rattraper. Sauf que là encore, le matelas est plein de clous. Almira signe donc un CDD à temps partiel, dans une boite aux dents qui rayent le parquet, et qui voue un culte sans limite au dieu Profit. Evidement, le CDD qu'elle signe est en dessous de ce qu'elle est capable de faire. Mais elle est naïve, elle se croit dans les années 80, et elle croit qu'elle pourra gravir les échelons en étant impliquée, motivée et pleine d'initiatives. Sauf qu'on est en 2011. Et qu'il semblerait qu'un CV avec de l'expérience, des diplômes, de la bonne volonté et de l'envie, ça pèse pas un pet de lapereau. Almira s'est prit des vents. Almira enchaîne les CDD ou elle ne travaille uniquement le weekend, dans un lieu ou on la prend pour dame pipi. 
Qu'à cela ne tienne, Almira va chercher un autre travail. Elle s'incrit au Pôle Emploi pour s'aider. LOL et PTDR
Elle trouve des annonces. Dans son secteur d'activité. Dans sa région. Elle a même des entretiens. Ca se passe à merveille. Sauf que les annonces en question proposent ABSOLUMENT TOUTES des CUI-CAE. Au début, Almira trouvait ça mignon que le Paul Emploi essaie d'imiter les mouettes. Puis elle a compris. Les CUI-CAE, ce sont des contrats destinés aux personnes qui ont de grandes difficultés à trouver du travail, AKA des repris de justice de 14 ans unijambistes n'étant jamais allés à l'école et vivant dans des bidonvilles au milieu des rats, des poubelles et des dealers de crack qui se prostituent. Que les recruteurs demandent que les candidats parlent 7 langues, aient 12 ans d'expérience, minimum deux doctorats, et qu'ils acceptent malgré tout d'être payés au SMIC, à mi temps et ce pour six mois renouvelable une fois et après merci au revoir, Paul il trouve ça normal. 
Almira enchaîne ainsi les déconvenues. Alors Almira cherche à signer de nouveaux CDD dans la grosse boite aux dents qui rayent le parquet et qui vénère le dieu Profit. La grosse boite joue avec les nerfs d'Almira: un coup je te prend, je te love t'es belle, le lendemain, casse toi vielle fiente de pigeon qui sent les fruits de mer avariés. Finalement, elle parvient à signer un CDD de Dame-pipi-qui-n'en-est-pas-une qui court jusqu'à octobre. Almira a des horaires de merde. Almira a un salaire aussi ridicule que ses robes en liberty. Almira peut même pas twitter au travail. Mais au moins Almira se sent utile, et aime bien ses collègues.
Et puis il y a quelques jours, quelqu'un de bien plus haut placé dans la hierarchie qu'Almira (puisqu'on difficilement être en dessous d'elle, à moins d'être un vieux chewing gum collé sous une table, ça fait plaisir de faire des études) lui téléphone. Pas pour l'inviter à boire le thé. Pour lui dire qu'elle était mutée. Dans le placard à balais de la cave. Avec des horaires bien plus pourries que ce qu'elle avait jusqu'à lors. Toute seule. Dans le noir. Mais qu'Almira se rassure, hein, ça n'a rien à voir avec ses compétences, c'est juste que le dieu Profit est en retructuration, et que bon, ben, elle en fait les frais quoi.  Mais que si ça lui va pas, la grosse boite pourra être arrangeante et la virer. Sympa, non? Vu qu'Almira est riche à millions, elle accepte le poste dans le placard à balais, juste pour le fun. Elle trouve ça tellement sympa d'être valorisée et stimulée de la sorte. Almira commence à envisager son avenir professionnel comme un champs de coquelicots parsemé d'arc en ciels dans le quel gambadent des licornes et des bébés lapins avec des ailes. Mais ça c'est parce qu'elle prend du LSD pour aller travailler sereinement. 
Du coup Almira profite de la tribune que lui offre la taulière de ce blog (Almira est plusieurs dans sa tête, c'est pour ça qu'elle parle à la troisième personne du singulier. Mais on peut pas lui en vouloir, c'est le monde du travail qui l'a rendue chèvre) pour faire passer un message:
TROUVEZ MOI UN TRAVAIL PUTAIN DE BORDEL A CUL QUE JE SORTE DE CET ENFOIRE DE TROU A RATS DE MERDE (et promis si vous me recevez en entretien, j'essaierai de pas dire de grossièretés)
merci de votre attention.