Et puis zut, je ne trouve rien. Nos affaires sont aussi entremêlées que nos vies. Qu’importe, je sors. Après tout, je ne vais pas non plus rentrer dans leur qu’en-dira-t-on ? Tout est trop petit ici, le village se surveille et bien, moi, je m’en fiche. Je jouerai aux étrangères candides. Quitte à me faire traiter d’hollandaise chaudasse !
Je descends les escaliers. Je n’ai que 100 mètres à parcourir pour plonger. Le vent du soir caresse ma peau. Je frissonne, c’est bon. Je suis légère. Déjà, dans l’anticipation du plaisir à venir. Une voix suspend ma course. C’est Pierre ? Il est enfin revenu ? Je me retourne, aperçoit, déçue, le maire qui m’enjoint de le rejoindre, accoudé à son portail.
- Mlle Lamy ?
Tiens, il connaît mon nom maintenant ? A-t-il entendu nos éclats d’hier soir ? J’avance vers lui. Dans la pénombre, il ne doit apercevoir que ma silhouette. Hé, hé, je l’aurai ma revanche.
- Oui, Mr Van Den Driessche ?
Mes seins se dressent, pointus vers lui, tendus par le froid. Il me regarde, un peu surpris. Puis esquisse un sourire reconnaissant. Je rougis mais, étrangement, ne ressens aucune offense.
- J’ai oublié de vous offrir une rose du jardin hier soir.
Il prend une cisaille et coupe la première rose à sa portée. Je l’observe, amusée. Il en enlève minutieusement les épines et me la tend. Je ne pensais pas l’homme capable d’une telle galanterie. Je le remercie :
- Il faut que j’y aille. La baignade m’attend !
- Oui, bien sûr. Je vous ai vue, vous êtes une bonne nageuse.
- Merci.
- Revenez ensuite. Je vous donnerai des courgettes du jardin et du basilic pour préparer à votre amoureux une bonne omelette.
J’oublie de m’agacer de sa dernière remarque de macho. Inutile de lui dire que je ne cuisine jamais, Pierre est bien trop bon cuistot !
Je saute à l’eau. Elle m’accueille d’une gifle glacée. Le choc est si violent que je n’en ressens que la chaleur. Le village rentre dans la nuit. Les vacanciers sont passés à table. Silence. La lune se lève. J’entends le ronronnement d’une moto au loin. Je souris. C’est Pierre. Il est revenu !